Parce que ça commence comme ça…

Depuis quelques jours, chaque matin tu me vois cueillir des framboises dans l’immense framboisier de notre cour. Tu adores ça les framboises. Bien sûr tu as voulu m’aider. Je t’ai montré comment faire pour éviter les petites épines, je t’ai expliqué avec enthousiasme comment reconnaître les fruits mûrs.

credit photo : l’emMÈREdeuse

Je pensais naïvement que tu m’aidais, que tu y prenais aussi plaisir que moi parce que je t’entendais pas. Mon expérience de maman aurait dû me prévenir que c’était pas normal. Mais non. Je me suis finalement rendu compte que tu me regardais, assis, le pot de framboises dans les mains, entrain de te bourrer la face. Tu voulais pu m’aider « parce ça pique. ».

Je t’ai enlevé le pot de framboises.

« HEEEEEEEY » attitude mode on.

« Non . Tu vas pouvoir les manger juste si tu m’aides. »

« Non maman. C’est plate. Pis en plus ça pique. »

« Pas d’aide. Pas de framboises. »

Je me suis trouvée dure sur le coup. Puis tu sais quoi. Finalement je le suis pas.

Dans la vie tu ne pourras pas profiter du travail des autres.

Non je te laisserai pas le faire.

Tu seras pas cet ado-là. Qui dort jusqu’à midi. Et qui se lève pour me demander de l’argent pour sortir avec tes chums.

Je refuse.

Tu seras pas ce gars-là qui va me regarder faire le souper. Pis critiquer. Me laisser te servir. Te desservir. Et ensuite faire la vaisselle.

Je ne le permettrai tout simplement pas.

Je te demande pas de travailler 40 heures semaines à 15 ans. Non, mais une petite jobine pour payer tes extras. Pour emmener ta blonde au restaurant pis aller à la Ronde. Pis si tu travailles, ça va me faire plaisir de te donner gratuitement un petit 20 de temps en temps, quand je l’aurai décidé. Pour que tu te gâtes un peu. Quand je serai fière de toi. Quand j’aurai le goût de te faire plaisir.

C’est aussi clair dans ma tête que je vais les payer tes études. Tant que tu y mettras du cœur. Parce que je crois en toi. Parce que je crois que tu vas accomplir des grandes choses. Parce que je veux que tu restes à l’école le plus longtemps possible. Parce que je crois que l’éducation c’est le plus beau cadeau que je peux t’offrir. Je vais être prête à me priver de bien des choses pour être capable de payer ton université. Mais jamais tu ne vas le savoir. Jamais tu ne m’entendras dire : « Ne t’inquiète pas, je vais payer tes études ».  Je veux entretenir ce petit doute-là dans un petit coin de tête, que tu y repenses deux fois quand tu vas vouloir dépenser en fou.

Je veux te dire mon amour que je serai toujours là pour toi, derrière toi. Que je vais soutenir chacun de tes projets. Que tu décides de devenir médecin ou mécanicien, je vais être ta meilleur fan. Mais jamais je ne veux être ton guichet automatique. Je ne serai jamais loin quand tu auras besoin d’un coup de pouce financier.

Mais jamais je ne tolérerai d’être ta première option.

Ah pis tant qu’à parler de ça. Qu’on mette quelque chose au clair :

Je ne t’achèterai pas de voiture à 16 ans. Si tu n’es pas assez mature pour te mettre de l’argent de côté, tu prendras l’autobus mon homme.

Je ne te payerai pas de voyage à tes 18 ans.

Je ne te payerai pas un appartement quand tu iras à l’université. Si ta famille te gosse tellement que tu veux te payer le luxe de vivre seul. Tu le feras mon homme.

Je vais t’aider de toutes les façons possibles. Sans compter. Mais pour ce qui est de l’argent, ce sera imprévisible. Bien sûr jamais je ne te laisserai dans une situation précaire. Jamais je ne te laisserai manquer de rien, mais si tu fais des mauvais choix mon gars, je veux que tu en assume les conséquences.

Je ne veux pas que tu te fies sur moi pour avancer dans la vie. Si tu as besoin d’aide, je veux que tu saches la demander. Que tu apprennes à avoir l’humilité de dire à haute voix que tu n’y arrives pas. Que t’as merdé. Que t’as pris 2-3 bières de trop au bar vendredi. Que là y te manque 50$ pour faire l’épicerie. Pis je vais être là. Je te déposerai peut être pas 100$ dans ton compte. Mais une assiette va t’attendre sur la table. Aussi souvent que tu le voudras. Aussi souvent que tu en auras besoin.

Je refuse d’avoir ce genre de relation. Je veux que tu apprécies ce que je vais t’offrir, oui. Mais ça va plus loin que ça. Je refuse que tu aies des relations utilitaires avec quiconque croisera ta route.

Je veux que tu développes la fierté de travailler dur pour avoir ce que tu as. Je veux que tu comprennes que ceux qui ont tout ce que tu veux matériellement, ne sont pas que chanceux. Qu’ils travaillent fort. Je veux que tu saches que de toute façon le matériel c’est secondaire.

La vérité mon chaton, c’est que dans la vie il y a un temps pour tout. Parfois on veut sauter des étapes, on veut vieillir plus vite. On veut tout avoir. Maintenant.

On veut être libre et ne rien devoir à personne. Je le sais. Parce que j’étais comme ça. Pis si tu as hérité de mon goût pour la liberté. Je veux que tu saches que ça va te prendre tout un caractère dans la vie. Je veux que tu saches que tu vas devoir travailler fort.

Ça fait que c’est pour ça mon gars. Que je te laisse pas manger les framboises que tu refuses de m’aider à cueillir le matin.

credit photo : l’emMÈREdeuse

Author: l’Emmèredeuse

L’emMÈREdeuse, c’est moi : Catherine.
Maman de deux (petits monstres) adorables garçons : Tom le dresseur de loups et Henri le Bébé Loup.
Je suis copropriétaire d’une famille recomposée remplie d’amour et de folie.
Ma plume prend parfois des chemins humoristiques, parfois des plus sérieux, mais toujours ceux de l’authenticité et de l’humilité.
Maman Louve à mes heures. Je partage avec vous les petits et grands moments de mon quotidien de maman.
De maman ben ordinaire.
Qui travaille à temps plein … Pis qui fait son gros possible.