T’as grandis, et je ne suis plus le centre de ton univers.

T’as aucune idée de tout ce que ça m’a pris pour te laisser partir si longtemps. Si loin.

Tu le sais même pas à quel point j’ai pu m’inquiéter. À quel point j’ai prié fort, pour que tous les kamikazes du monde se fassent sauter ailleurs que près de toi. À quel point j’aurais vendu mon âme pour que les intempéries se tiennent loin de l’avion dans lequel tu filais à toute vitesse. J’ai retenu mon souffle dès le moment où tu es parti et jusqu’à temps que je te vois enfin, traîner ta petite valise l’autre côté de la vitre. J’ai pleuré toutes les nuits. Parce que j’avais peur de ne plus jamais te serrer contre mon coeur.

Je m’attendais à des retrouvailles comme dans les films. Avec des oiseaux qui chantent. Avec un espèce de « aaaaaaaaaah » en back ground, un peu mythique. Peut-être même avec un petit halo de lumière autour de nous alors que t’allais courir dans mes bras.

Mais non. T’as couru dans les bras de papa poule. C’est son nom à lui que t’as crié, quand tu l’as vu. Avec le recul je trouve ça vraiment chouette. Votre complicité est tellement naturelle. C’est ce que je voulais de tout mon cœur. Ton beau-père est juste trop nice pour la ligue. Mais sur le coup. Je t’en ai voulu. Je suis ta mère après tout.

Je pensais qu’à ton retour, on allait être en fusion. Je croyais qu’on allait vivre une lune de miel. Des bisoux, des câlins, des ‘’je t’aime’’. Des pleurs. Je pensais que t’allais me supplier pour dormir dans mon lit.

Mais c’est pas vraiment comme ça que ça ce passe.

Tu étais tellement content de retrouver ton lit en bas. Tes cochons d’inde ont eu plus d’affection que moi. Déjà le lendemain de ton arrivée, tu voulais revoir papa. C’est pas les vacances tous les jours ici… Ton petit frère prend beaucoup plus de place qu’il y a un mois et demi.

Tu voulais aussi aller à la garderie. Et tout ce que j’avais envie de te crier c’est : « NON! reste avec moi encore un peu, ou pour le reste de ta vie. »

Aujourd’hui c’était pas une bonne journée. J’avais de la peine. Je comprenais pas. 

C’est con je sais. Mais tu sais quoi, j’ai rien de parfait.

Tu as grandi ailleurs pendant 2 mois. J’ai l’impression de devoir réapprendre à te connaître. T’as tellement grandi. Tu me parles même dans une langue que je ne t’ai pas enseignée.

Plus j’écris et plus ça devient clair.

Je me rends à l’évidence. Je ne suis plus le centre de ton univers de grand garçon de quatre ans, mais je reste tes racines.

Tu testes mes limites. Tu me confrontes.

Au fond la vérité, c’est que rien n’a vraiment changé. Tu as repris ta place au centre de notre famille. Tu as retrouvé ta vie de petit garçon tout bonnement, presque comme si tu n’étais jamais parti.

Et ça, je crois bien que ça veut dire que tu l’aimes ta petite vie. Que t’es heureux ici.

D’être éloignée de toi m’a juste fait réaliser que tu vieillis. Que tu deviens ta petite personne à part entière. Indépendant. Confiant. Et ça me rend fière en tabarouette. Je suis fière que tu l’aimes ta vie. Avec tout ce qu’elle comporte. 

C’est la seule chose au fond qui compte… Que tu l’aimes la vie.

Author: l’Emmèredeuse

L’emMÈREdeuse, c’est moi : Catherine.
Maman de deux (petits monstres) adorables garçons : Tom le dresseur de loups et Henri le Bébé Loup.
Je suis copropriétaire d’une famille recomposée remplie d’amour et de folie.
Ma plume prend parfois des chemins humoristiques, parfois des plus sérieux, mais toujours ceux de l’authenticité et de l’humilité.
Maman Louve à mes heures. Je partage avec vous les petits et grands moments de mon quotidien de maman.
De maman ben ordinaire.
Qui travaille à temps plein … Pis qui fait son gros possible.