Il était une fois l’amitié au temps de la maternité

Mon amie qui n’a pas encore d’enfant, j’aimerais prendre le temps de te dire que, je garde précieusement dans mon cœur chaque moment de folie qu’on a partagé.

source photo : pinterest

Un moment de folie, dans ma vie aujourd’hui, c’est rouler sur la 15 nord, les fenêtres toutes grandes ouvertes, sans devoir m’inquièter des boys qui pourraient avoir trop de vent dans face.
Il y a eu un temps pendant lequel on se déhanchait toutes les fin de semaines ensemble, en riant des gars qui nous payaient des verres avec espoir et des filles qui se donnaient beaucoup trop sur le plancher de danse. Un temps où on a refait le monde autour d’un litre de rosé, ou deux. Dans nos têtes de jeunes adultes, on savait comment ça marchait la vie. On rêvait de vivre ensemble dans le même 4 1/2 et de voyager. De partir en road trip et de trouver l’amour. Et je chéris ce temps là. Le temps de l’amitié et de l’insouciance.

Il y a eu un temps où tu étais la personne la plus importante dans ma vie. Je ne prenais pas une décision sans d’abord avoir ton avis. Je n’achetais pas de vêtement sans que tu sois là pour me dire que ça me faisait bien. J’écoutais la même musique que toi, je choisissais la même teinte de vernis à ongles que toi. Toi, la belle fille populaire, ma meilleure amie, je faisais tout pour te plaire.

On a vieillit, on a grandit. On a commencé à avoir des responsabilités, des chums sérieux. Une job d’adulte. On refaisait encore le monde, bien sûr, avec un peu plus de nuances parfois. Dans nos têtes de nouvelles professionnelles on savait un peu plus comment ça marchait la vie. Plus les années passaient plus on se différenciait. J’avais de plus en plus confiance en moi, j’assumais mes goûts personnels, je faisais mes choix.

Puis, petit poulet est arrivé. Ce fut le coup de foudre. Il est devenu mon tout. Au début tu venais nous voir souvent . Peut être que tu trouvais ça cute prendre des selfies avec mon bébé. Puis, peut être que tu t’es tanné de ne m’entendre parler que de lui.Je voulais plus refaire le monde, je voulais juste partager son monde à lui. Au fond je t’en blâme pas tsé.

Tu venais moins, tu textais moins. Tu te sortais encore le vendredi soir, mais avec d’autres copines, c’était correct. Moi j’avais petit poulet. J’étais maman, j’avais pas le temps, ou le goût, ou le droit. Je sais pas trop ce que tu pensais. J’avais un peu de peine, au début. De voir tes « tag in » la fin de semaine. Ce que tu ne savais probablement pas, c’est que ça m’aurait dont fait du bien de sortir un peu sans petit poulet. De chausser mes souliers d’amie, de confidente, de femme. Le temps d’une soirée. Ça m’aurait fait du bien, que tu me laisse décider moi-même si j’avais le temps, le goût ou le droit de sortir avec toi sans mon bébé.

J’ai continué ma petite vie. Je suis retourné travailler, j’ai rushé à envoyer poulet à la garderie. J’en ai braillé une shot sur la 15 le matin. Mais je t’en ai pas parlé. Je me suis dis que ça t’intéressait pas. Tu prenais pas de nouvelles. Je me suis fais des nouvelles amies-maman. On se voyait le samedi matin, autour d’un petit café pendant que toi tu allais te coucher. Je commentais tes photos de voyages, tes statuts de fille célibataire qui #yolo sa vie. Avec un peu d’envie j’avoue. Quand on se jasait, que tu me demandais ce qu’il y avait de neuf. Y’en avait juste trop pour que je te raconte. Je te répondais « rien » en te souriant. On a perdu le fil de notre amitié. Poulet #2 est arrivé. De 3-4 soirées de filles par année on est rendues à 1 ou 2.

Ce que j’ai envie de te dire, toi mon amie sans enfant. C’est que mes amies-maman et moi, on aime encore ça danser. On boit peut être pu du rosé. Mais le rouge est bon en tabarnouche le vendredi soir pendant que notre marmaille se bataille en écoutant Dora dans le salon. On aime encore ça se mettre cute pour sortir de temps en temps.

Ce que j’ai envie de te dire mon amie sans enfant, c’est que je suis encore la même personne. Avec des enfants oui, mais encore la même fille, capable de s’amuser, de boire un coup et de refaire le monde, c’est juste pas les mêmes choses qui doivent être changées , devenir maman ça te fait réaliser que tu sais pas comment ça marche la vie. Je suis encore capable de rêver. À vrai dire je rêve plus que jamais.

Ça me blesse mon amie quand tu écourte nos soirées , parce que tu juges que je peux pas veiller avec toi. Parce que tu m’as juste booké 2 heures dans ton horaire pour aller souper. Parce qu’après tu sors au nouveau lounge à la mode avec tes amies « comme toi ». Ça me blesse quand je vois tes photos de bateau sur Instagram, le même jour où tu m’as choké à la dernière minute. Parce qu’entre journée bronzage en bateau et journée avec ton amie et ses kids le choix est facile. Tsé, #yolo.

Peut être bien que je te gosse avec les photos de mes kids sur Instagram. Peut être bien que je devrais trouver le courage de te dire tout ça devant un verre de rouge. Qu’est ce que ça changerait ? On s’est perdues. J’ai des enfants. T’en a pas. T’as un ventre plat. J’en ai plus. J’espère que t’es heureuse mon amie. Parce que peut être bien que toi aussi , tu me dis qu’il y a rien de neuf en me souriant.

Mon amie qui n’a pas encore d’enfant, j’aimerais prendre le temps de te dire que, je garde précieusement dans mon cœur chaque moment de folie qu’on a partagé.

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Author: l’Emmèredeuse

L’emMÈREdeuse, c’est moi : Catherine.
Maman de deux (petits monstres) adorables garçons : Tom le dresseur de loups et Henri le Bébé Loup.
Je suis copropriétaire d’une famille recomposée remplie d’amour et de folie.
Ma plume prend parfois des chemins humoristiques, parfois des plus sérieux, mais toujours ceux de l’authenticité et de l’humilité.
Maman Louve à mes heures. Je partage avec vous les petits et grands moments de mon quotidien de maman.
De maman ben ordinaire.
Qui travaille à temps plein … Pis qui fait son gros possible.