Ma petite histoire d’allaitement en public

Dernièrement j’ai lu beaucoup de billets sur l’allaitement. Sur le fait de normaliser le geste de nourrir son enfant, peu importe la façon choisie pour le faire. Ça m’attristait de lire que les mères se sentaient jugées peu importe leur décision. En fait j’avais peine à croire que des gens se donnent le droit de donner leur avis à ce sujet. Pour ma part, j’allaite parce que je suis paresseuse (pas de biberons à réchauffer ni à laver) et parce que je suis cheap. Par contre je ne suis pas de celles qui voulaient allaiter à tout prix. De celles qui clament haut et fort que l’allaitement est la seule façon de nourrir son enfant. J’ai de la chance. C’est relativement facile pour moi. Quand une amie me pose des questions sur l’allaitement , je répond honnêtement . Il y a selon moi autant d’avantages que d’inconvénients aux deux façons de nourrir un bébé.

J’ai pourtant dernièrement,  vécu moi-même une petite « aventure » au centre d’achats. C’était  avant l’ouverture des magasins. Il y a avait peu de gens. Bébé loup se met à pleurer, il a soif. Et quand bébé loup a soif, tout le monde dans un rayon de 1km est au courant.

Je m’installe donc sur un petit fauteuil, avec mon tablier d’allaitement pour le faire boire . Je tiens à préciser encore une fois : tablier d’allaitement. Deux hommes d’une soixante d’années passent devant moi et me regarde dédaigneusement. Instantanément je feel tout croche, je regarde par dessus mon épaule . Je suis comme ça . J’ai peu confiance en moi. Je ne me met pas dans des positions controversées, dans des situations qui me mettent à risque d’être jugée en  public.  Quand les gens me dévisagent je me léquifie à l’intérieur. Un des hommes me crie : « Go hide yourself no one wants to see This » (Va te cacher, personne ne veut voir ça) . Ça me prend quelques secondes avant de réaliser que cet homme s’adressait à moi. Avec tout ce mépris, cette hargne et ce dédain, cet homme s’adressait à moi. Moi qui nourrissait mon bébé , avec tout l’amour du monde. J’ai senti mon sang quitter mon visage et les larmes me monter aux yeux. Je suis comme ça, sensible. J’ai eu un peu honte. J’ai regardé autour voir si quelqu’un avait entendu

Puis j’ai repensé aux moments difficiles que j’ai traversé pour réussir à allaiter mon bébé . Les pleurs, la douleur, la fatigue. Le dépassement de moi-même à chaque jour . Depuis plus de 3 mois. J’ai repensé ensuite à la femme qui partageait ma chambre à l’hôpital quand bébé loup est né. Aux gens qui la harcelait pour qu’elle allaite parce que c’est « mieux ». À elle qui se faisait violence en continuant, qui nourrissait son enfant en pleurant . De l’autre côté du rideau, j’avais envie daller la prendre dans mes bras. De lui dire que ce qui est mieux . C’est une maman en paix. Une maman heureuse.

Hypocrisie . Allaitez à n’importe quel prix. Mais surtout pas n’importe où ! Quand mon fils a terminé de boire , j’ai levé les yeux et remarqué le panneau publicitaire du magasin de lingerie qui était devant mon petit fauteuil. Des poitrines en veut tu en vlà ! Alors que je nourrissais discrètement mon enfant sans qu’aucun centimètre de peau ne soit apparent quelques minutes plus tôt, c’était à moi qu’on disait d’aller se cacher. À moi qu’on se permettait de crier. Mais dans quelle société on vit ! J’ai repris mes esprits, me suis répété maintes fois que c’était lui, le dinosaure qui avait tort. J’ai remis mon fils dans son carrosse et remarqué l’ironie du chandail qu’il portait . Il m’a regardé dans les yeux et s’est mis à rigoler . Tu as raison Bébé loup, vaut mieux en rire.
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Author: l’Emmèredeuse

L’emMÈREdeuse, c’est moi : Catherine.
Maman de deux (petits monstres) adorables garçons : Tom le dresseur de loups et Henri le Bébé Loup.
Je suis copropriétaire d’une famille recomposée remplie d’amour et de folie.
Ma plume prend parfois des chemins humoristiques, parfois des plus sérieux, mais toujours ceux de l’authenticité et de l’humilité.
Maman Louve à mes heures. Je partage avec vous les petits et grands moments de mon quotidien de maman.
De maman ben ordinaire.
Qui travaille à temps plein … Pis qui fait son gros possible.