Quand tu pars à ton autre maison.

Je le sais que je devrais me réjouir, que tu sois aussi bien avec papa qu’avec moi.

Mais c’est pas le cas.

Tu sais petit poulet, les adultes ont ce gros défaut qui s’appelle l’égoïsme. Ça veut dire qu’on pense à nous, avant de penser aux autres, avant même de penser à ceux qu’on aime parfois.

Quand tu as commencé à aller dans ton autre maison, celle avec papa. Je souffrais, chaque minute, chaque seconde que tu passais loin de moi. Je retenais mon souffle, jusqu’à ce que tu reviennes. Quand tu quittais, j’avais la peur viscérale de ne jamais plus te revoir. De ne jamais plus pouvoir te serrer contre mon cœur et de sentir ton odeur de bébé.

Tu as grandis, puis est venu le terrible two et je vais l’admettre (même si c’est pas très joli à dire) j’en venais à avoir hâte au vendredi quand tu me faisais crise par dessus crise.

J’avais un peu hâte que tu quittes chez papa et que je puisse souffler un peu pendant 24 heures.

Pourtant, dès que tu me faisais des byes byes par la fenêtre du salon, avec ta petite main potelée, mon corps en entier s’emplissait de culpabilité.

Puis j’avais peur qu’il t’arrive quelque chose, peur de ne pas être là pour te consoler. Peur de ne pas être là pour te rassurer si tu avais peur ou si tu faisais un mauvais rêve. Peur de ne ps être là pour soigner ton petit genou écorché.

Et puis tu as encore grandi, et tu t’es mis à me demander dans combien de dodos tu partais pour ton autre maison.

Dans combien de dodos papa allait venir te chercher.

Tu pleures. parfois le soir parce qu’il te manque. On l’appelle ensemble et tu t’endors avec sa photo dans tes petits bras.

Et honnêtement, ça me rend folle.

Parce que je vais aussi t’avouer mon amour, que les adultes on a cet autre défaut pas très joli : la jalousie.

Ça me dérange de ne plus être le centre de ton monde, que ton papa soit capable de te consoler et de répondre à tes besoins aussi bien que moi.

Je le sais que c’est contradictoire.

Maintenant, quand tu quittes, la peur de ne jamais te revoir cède doucement la place à celle que ton autre maison devienne ta maison préférée. Que tu ne veules plus revenir ici. Ici, où on se couche tôt, où on se lave à tous les soirs et où on mange des légumes à chaque repas. Ici, où tu vas réfléchir et où tes privilèges te sont enlevés si tu ne respectes pas les règlements.

Je devrais trouver ça chouette pour toi, que tu puisses avoir cet endroit où tu peux écouter tous les films de superhéros que tu veux .

Pas ceux en bonhommes là, les vrais.

Chez papa tu peux te coucher tard , parce que tu te lèves aussi à l’heure que tu veux. Y’a pas de bébé loup que tu peux réveiller pendant sa sieste si tu parles trop fort, on ne te demande jamais de prendre ta petite voix. Je sais que le bain est très souvent optionnel et que tu as le choix entre plusieurs repas chaque soir.

C’est un peu la fête chaque jour avec papa. Moi dernièrement, j’ai le rôle de la rabat joie.

J’ai peur qu’un jour, à l’adolescence probablement, tu veules aller habiter toujours dans ton autre maison.

J’ai peur que tu me rejettes, que tu oublies toutes ces nuits où je me suis levée pour te consoler quand tu faisais des mauvais rêves. Tous ces matins où tu es venu finir ton dodo dans mes bras.

J’ai peur de te voir grandir, pour te voir partir encore plus souvent. Je te l’ai dit petit poulet, les adultes on a ce défaut : l’égoïsme. Pis moi ça l’air que l’ai plus fort que d’autres mamans.

Je sais bien que je dois m’adapter et prendre des décisions en fonction de tes besoins de petit garçon qui veut grandir auprès de ses deux parents, et non des miens, parce que tu nous aime autant papa et moi.

Je sais bien qu’éventuellement je devrai respecter tes choix, même s’ils me mettent au deuxième plan.

Par amour pour toi.

Parce que sinon. Je vais me retrouver toute seule.

Seule, avec mon égoïsme.

Author: l’Emmèredeuse

L’emMÈREdeuse, c’est moi : Catherine.
Maman de deux (petits monstres) adorables garçons : Tom le dresseur de loups et Henri le Bébé Loup.
Je suis copropriétaire d’une famille recomposée remplie d’amour et de folie.
Ma plume prend parfois des chemins humoristiques, parfois des plus sérieux, mais toujours ceux de l’authenticité et de l’humilité.
Maman Louve à mes heures. Je partage avec vous les petits et grands moments de mon quotidien de maman.
De maman ben ordinaire.
Qui travaille à temps plein … Pis qui fait son gros possible.