Faire le deuil de Maman-Parfaite

Du plus loin que je peux me souvenir. J’ai toujours voulu être maman. J’avais pas juste une idée du modèle que je voulais être, je savais lequel j’allais m’acheter. Comme si ça ce magasinait ça, un kit de bonne mère. J’ai eu beau chercher, même dans le mieux vivre, même au Jean Coutu(on y trouve de tout non ?!).

Épic Fail. Ils tiennent pas ça en stock des maman-bien-coiffée-bien-habillée-toujours-de-bonne-humeur-toujours-prête-à-jouer-jamais-fatiguée-heureuse-de-torcher-toute-la-maisonnée.

Ma maman intérieure a pris plus d’une débarque depuis les quatre dernières années. On va se le dire. Elle est crissement amochée.

Oui, j’ai crié. Oui, j’ai soupiré. Oui, j’ai levé les yeux au ciel. Oui, j’ai répondu des « parce que » à des « pourquoi ».

La plus grande débarque que ma connasse de maman-parfaite intérieure a pris, c’était par un beau jour d’automne, où en congé de maternité avec bébé 1, l’envie de retourner travailler lui a pris.

WHHHAT???

Je le sais ben ! C’est une câline de pas d’allure elle !

Ça commençait à lui manquer de jaser avec des adultes. De travailler avec sa tête. De relever d’autres défi que de réussir à déposer bébé endormi dans son parc sans le réveiller.

J’ai combattu ce sentiment-là un bon petit bout. Ça me tordait le cœur.

La maman-parfaite que j’avais en tête, elle, pendant ce temps là, était certainement pleinement épanouie aux côtés de son bébé. À temps plein.

J’ai finalement fini par comprendre après beaucoup de torture, d’auto-flagellation et de larmes, qu’elle n’allait jamais exister cette maman idéalisée.

Les mamans-parfaites, c’est un mirage. Une belle image qui se dissipe au même rythme que l’on se rapproche d’elle. Une image qui se modifie selon l’angle duquel on la regarde. Pour aller mieux. J’ai dû la tuer cette conne. J’ai dû choisir entre elle et moi. Sinon elle allait avoir ma peau.

Ma maman parfaite-intérieure est donc morte. Une nuit glaciale de janvier.

Et même si elle m’avait fait souffrir comme c’est pas possible.

Même si elle m’avait diminuée jour après jour.

J’ai dû en faire le deuil. Comme on fait le deuil d’une vieille amie.

J’ai dû aller consulter pour m’aider à composer avec sa perte.  J’avais perdu. Perdu une personne avec qui je m’étais obstinée. Chicanée. Engueulée. Une personne que j’avais jalousée, enviée, idéalisée. Perdu une femme que j’avais espéré devenir.

Une personne qui s’était immiscée dans ma relation avec mon fils, dans ma relation avec mon chum. Une personne qui avait foutu la marde au plus profond de mon intimité. J’en ai braillé une shot, dans le bureau du psy.

Après ça. J’ai commencé à remonter la pente, à aller mieux.

Un jour à la fois.

Me faire confiance. M’aimer un peu plus. Travailler. Me dépasser. M’actualiser. Trouver l’équilibre.

Je me suis épanouie. Petit poulet aussi. À la garderie. Avec des amis. Avec son éducatrice Sophie. Je suis encore mieux que la maman-parfaite.

Je suis une maman heureuse.

Heureuse d’aller travailler le matin, de me sentir importante au travail.

Heureuse d’aller chercher mon fils le soir, de me sentir importante à la maison.

Je suis une maman-vraie. Une maman avec des défauts et des qualités. Des hauts et des bas. Pis c’est Ben parfait comme ça.

J’ai compris que la vraie perfection, elle se trouve dans les moments imparfaits de la vie.

Les soirées imprévues.  Les recettes manquées qui se terminent en call de pizza. Les niaiseries qui causent des fous rires incontrôlables.

L’imparfait crée des moments que l’on va se souvenir toute notre vie.

L’imparfait, c’est ça qui est parfait. C’est ça l’enfance.

Author: l’Emmèredeuse

L’emMÈREdeuse, c’est moi : Catherine.
Maman de deux (petits monstres) adorables garçons : Tom le dresseur de loups et Henri le Bébé Loup.
Je suis copropriétaire d’une famille recomposée remplie d’amour et de folie.
Ma plume prend parfois des chemins humoristiques, parfois des plus sérieux, mais toujours ceux de l’authenticité et de l’humilité.
Maman Louve à mes heures. Je partage avec vous les petits et grands moments de mon quotidien de maman.
De maman ben ordinaire.
Qui travaille à temps plein … Pis qui fait son gros possible.