La valeur du temps. 

J’ai toujours été comme ça. J’ai eu hâte de terminer le secondaire. Hâte d’être majeure. Hâte de diplômer du Cégep, hâte d’avoir une vraie »job ». Hâte de diplômer de l’université. D’avoir une maison. D’avoir des enfants. De vieillir.

Je pensais que lorsque j’allais avoir atteint tous ces buts, j’allais prendre ma vitesse de croisière et pouvoir enfin profiter de la vie.

Pourtant.

Quand j’ai su que j’étais enceinte de bébé 1, j’ai eu hâte à l’écho de 12, puis de 20 semaines, j’ai eu hâte que ma grossesse se termine. Hâte que bébé s’assoit, hâte qu’il mange seul, hâte qu’il marche. Hâte qu’il parle. Hâte qu’il soit propre. Je m’en suis bien vite mordu les doigts. Effectivement, je me suis réveillée un beau matin de juin et mon bébé avait 3 ans. J’étais enceinte de bébé 2, et je ne voulais pas faire la même erreur.

 Je me suis questionnée sur la valeur du temps. Je me suis jurée que j’allais vivre l’instant présent. Mon bilan 1 an plus tard ? Bébé 2 a déjà 4 mois. Je n’ai pas vu ma grossesse passer. J’ai eu hâte à l’écho de 12 puis de 20 semaines, j’ai eu hâte que ma grossesse se termine.

J’ai eu hâte que bébé boive moins souvent. Qu’il soit plus éveillé. Qu’il se tienne mieux. Hâte qu’il dorme la nuit. J’ai complètement fail à la promesse que je m’étais faite. Je voudrais retourner derrière. À ce dimanche soir de juillet où j’ai vu les deux petites lignes roses sur mon test de grossesse. Je voudrais revivre encore et encore cette dernière année. La savourer.

C’est un vrai problème dans ma vie. Je vois le temps qui file et j’essaie de le retenir un peu, comme on essaie de retenir le sable de glisser entre nos doigts par une belle journée à la plage. L’été vient à peine de débarquer et je voudrais me réveiller de nouveau au mois de mai, revivre cet état d’impatience, ce besoin de soleil et de chaleur qui se faisait sentir dans tout mon corps.

29 juin. C’est déjà presque l’automne. Je n’ai pas assez admiré le vert éclatant des nouvelles feuilles qui poussaient, ni la magnifique floraison des pivoines. 29 juin. J’anticipe déjà le sentiment d’angoisse que je ressentirai quand le premier septembre sonnera. Ce sentiment de ne pas avoir assez profité de l’été. D’avoir gaspillé mon congé de maternité .

29 juin, bientôt l’hiver et je devrai retourner au boulot. Mon bébé mangera seul, mon bébé marchera. Il ira à la pouponnière, il apprendra à vivre la plus grande partie du temps sans moi. Je voudrai revivre aujourd’hui encore et encore.

Profiter du moment présent.

Oui ! Mais comment on fait ça ? Est ce que ça s’apprend? Comment on sait si on a assez profité ? Assez savouré ? J’ai l’impression que ma vie est une course. Vite le vendredi . «Ah non pas encore dimanche.»

Bientôt les vacances et à la place de me délecter des merveilleux moments à venir. Je sais qu’une fois le temps venu, je compterai les jours qui nous restent ensemble. J’appréhenderai le fatidique dimanche. Et puis je m’en voudrai. De ne pas avoir assez profité de ce moment présent.

Sans pourtant vraiment savoir ce que j’aurais pu ou voulu faire différemment.

Et je me mettrai en mode attente. Des prochaines vacances. De la repousse des feuilles. De la floraison des pivoines. Du prochain 29 juin.

J’ai l’impression d’être spectatrice de ma vie. Ça me fait angoisser.

Le temps passe trop vite. Je ne sais pas comment y remédier. Je prendrai volontiers tous vos trucs. Si possible une solution magique.

Afin que ces si belles années, me laissent un goût de bonheur et non pas de doux-amer.

Author: l’Emmèredeuse

L’emMÈREdeuse, c’est moi : Catherine.
Maman de deux (petits monstres) adorables garçons : Tom le dresseur de loups et Henri le Bébé Loup.
Je suis copropriétaire d’une famille recomposée remplie d’amour et de folie.
Ma plume prend parfois des chemins humoristiques, parfois des plus sérieux, mais toujours ceux de l’authenticité et de l’humilité.
Maman Louve à mes heures. Je partage avec vous les petits et grands moments de mon quotidien de maman.
De maman ben ordinaire.
Qui travaille à temps plein … Pis qui fait son gros possible.