Votre première activité de famille : quitter la maternité.

Tu vas quitter la maternité. La bedaine vide, mais le cœur rempli. Ton chum va marcher une couple de kilomètres en avant de toi, portant fièrement bébé dans sa coquille à l’autre bout du couloir. De ton point de vue  de nouvelle maman, tu vas trouver qu’il la shake pas mal fort la coquille justement.

Déjà maman tigresse.

Tu vas te retenir pour pas gueuler un : ‘’Hey ! Ciboire, t’as-tu fini de swinger le bébé.’’

Respire.

Pis je vais te dire, ce sera pas juste ça, il va marcher ben trop vite pour ton petit body en choc post-traumatique. Pis là un coup arrivé au char, toi encore dans l’entrée de l’hôpital, il va se revirer, pis te regarder l’air de te demander : ‘’Kossé tu fais chérie, t’arrives-tu ?’’.

Habitue-toi, maman. Dans les yeux de ton chum tu vas toujours avoir l’air de ne rien foutre.

Je te le jure.

Tu vas t’être levée 2 heures d’avance un dimanche matin. Pour prendre ta douche au complet pis friser tes cheveux. Tu vas avoir fait déjeuner toute ta marmaille, en omettant de manger toi-même, habillé tout le monde, préparé les vêtements du chum, sorti le chien, parti une brassée de lavage, plié une brassée de serviettes, soigné trente-douze blessures, arbitré vingt-et-onze batailles d’enfant, bouclé vos quatre-vingt-treize valises pour le dîner chez la belle-mère.

Pendant qu’au même moment ton chum se coupait les ongles d’orteils bien pénard, assis sur la bol. 1 heure de temps. Tout ça après avoir préalablement lu la presse en buvant son café chaud et joué compulsivement ses cinq vies à candy crush.

Il va ressortir tout frais et dispo de la salle de bain.

Pis… pendant que toi tu cours comme une poule pas de tête pour trouver deux boucles d’oreilles et deux souliers identiques, lui va calmement aller attacher les kids dans le char,  il va pas comprendre comment ça que t’es pas encore prête, il va te klaxonner 2-3 fois, »EN JOKE CALME TOÉ » et faire un statut humoristique sur Facebook à propos de combien tu prends toujours ton temps pour te préparer, que tous ses amis papas vont s’empresser de commenter.

Bon ok. J’exagère.

À peine.

Mon point-là, c’est que ton chum, le torse bombé, fier comme un roi t’attend devant l’ascenseur pour ta ride vers la maternité. La vraie, celle tu-seule-comme-une-grande-à-la-maison.

#histoirevraie crédit photo : l’emMÈREdeuse

Pis dans sa tête à lui, si tu marches lentement, c’est clairement pas parce que t’as quatre-vingt-trois points de suture qui te tirent dans snatch. (Ou des broches dans le bas-ventre (c’est selon))

Ça lui passera pas par la tête non plus que t’as une hémorroïde de la grosseur d’une balle de golf qui t’a sorti à côté de la cenne, à force de pousser ta vie à faire sortir son héritier par ton vagin.

Ça t’enlève pas pire le goût de marcher vite pour un bout ça mon homme.

Mais dans sa tête, non non chose, toé… t’admire le paysage.

Voici ta première bonne occasion de pratiquer votre communication parentale. Moi tu vois, j’y suis allé de toute ma délicatesse pour un : « HEY DUDE. J’AI MAL DANS FOURCHE. ».

Avec un papa, faut que ce soit clair et concis, prend des notes.

Mais bon, c’est vrai, il est trop adorable ton homme, nouvellement papa. Beau comme ça ce peut pas à trainer votre petite merveille.

Tu le regarde de loin, pis t’as le goût de pleurer.

On va se le dire, c’est aussi  la première fois que quelqu’un d’autre que toi porte ton bébé.

Pis ça aussi ça te donne le goût de chigner. C’est le début de votre belle aventure, celle que t’attends depuis 9 mois, ou toute ta vie.

Dans le fond ce que j’ai envie de te dire. C’est juste ça : ça ce résume à votre sortie de la maternité.

Accepter que quelqu’un d’autre porte ton bébé, qu’il ne pourra jamais retourner dans ton utérus. Accepter que ton chum fasse les choses différemment de toi, mais tout aussi justement.

Accepter que c’est ben correct. Même que c’est parfait.

Accepter que tu vas passer la plupart du temps en dernier et voir l’impression que tu perds la tête, plusieurs fois par jour semaine. Avoir l’impression que tu fais tout de travers, mais ne pas vouloir échanger ce chaos contre ta vie d’avant pour rien au monde.

Être une maman, c’est être le cœur d’une famille. Un espèce de mécanisme qui travaille un peu dans l’ombre qui tient le tout en vie. Un super-héro en d’autres mots, oui.

Devenir une maman c’est devenir une femme tout en contradictions. Un petit mélange constant de fierté et d’envie de pleurer. Tellement que des fois, c’est juste impossible à départager. Tellement que tu vas souvent  rire en pleurant, ou pleurer en riant.

Au fond mon amie, la seule chose que je veux que tu retiennes, c’est que vous êtes sur le point de vivre l’aventure d’une vie. De devenir une famille.

Oui, tout va changer. Pour le mieux, promis.

Tu as aimé ce texte? Il est le troisième d’une série de textes destinés à ma meilleure amie sur le point d’accoucher. Lis-aime-partage les deux premiers. Tu as juste à cliquer sur les liens pour visualiser mon texte à propos de la fin de grossesse ici et à propos de l’accouchement juste ici. Bonne lecture !

Author: l’Emmèredeuse

L’emMÈREdeuse, c’est moi : Catherine.
Maman de deux (petits monstres) adorables garçons : Tom le dresseur de loups et Henri le Bébé Loup.
Je suis copropriétaire d’une famille recomposée remplie d’amour et de folie.
Ma plume prend parfois des chemins humoristiques, parfois des plus sérieux, mais toujours ceux de l’authenticité et de l’humilité.
Maman Louve à mes heures. Je partage avec vous les petits et grands moments de mon quotidien de maman.
De maman ben ordinaire.
Qui travaille à temps plein … Pis qui fait son gros possible.