Cette semaine tu perçais des dents.

Cette semaine mon bébé, tu perçais des dents. Tes deux petites palettes d’en avant. Ça l’air de faire mal comme ça ce peut pas. J’aimerais tellement ça pouvoir le faire à ta place.

 

C’est drôle parce que cette semaine, de l’extérieur, on pourrait dire que j’ai carrément perdu le contrôle. La maison est un vrai chaos. Ma personne est assez malpropre négligée.

Y’a de la vaisselle de dimanche qui traîne encore sur le comptoir. Je lave 3-4 assiettes à la fois. C’est pas mal le plus longtemps que tu es capable de jouer sans me réclamer près de toi.

 

Parce que tu fais des dents. Pis que c’est de te réconforter ma priorité.

 

T’as besoin que je te tienne dans mes bras, ça l’air de te faire un peu moins mal comme ça.

 

Y’a du linge à plier et à laver jusqu’à l’infini. J’ai juste pas le temps.

 

Parce que la seule chose qui te fais du bien c’est d’être collé sur moi.

 

Pis c’est juste ça, ma priorité.

 

Cette semaine je voulais faire le ménage du sous-sol. Et des armoires de la cuisine. Et du garde-robe d’entrée. Fermer la cour pour l’hiver et aller aux pommes. Écrire un peu aussi.

 

Mais la vérité c’est que j’ai rien fait de tout ça. La vérité c’est que je me suis même lavée un jour sur deux, parce que quand je réussissais enfin à t’endormir le soir, j’allais me coucher moi aussi. Épuisée.

 

La vérité c’est que lors de tes rares siestes d’après-midi, quand tu réussissais à t’assoupir un peu entre deux crises de douleur, j’aurais ben pu me grouiller à faire mes quarante-douze-mille tâches ménagères.

 

J’aurais pu, pis ça m’aurait peut-être fait sentir bien à propos de moi-même. Je me serais peut-être sentie une meilleure mère. Une mère parfaite. Mais non.

 

Ben non. Je chillais une petite demie-heure sur le divan. Je décompressais trente minute avant de recommencer ma job drainante d’assistante à la poussée dentaire. C’était comme une petite bouffée d’air pour ma santé mentale.

 

Je m’écrasais dans mon lit. Pis je fermais mes yeux un peu, jusqu’à ce que tu me réveilles en pleurant, encore. Pis j’avais envie de me mettre en petite boule pis de pleurer moi aussi. Pleurer mon impuissance, ma fatigue. Pleurer tout ce que j’avais pas le temps de faire le jour et pas l’énergie de faire le soir.

 

J’ai peut-être même versé une larme ou deux. Mais c’est rien, à comparé de la douleur que tu sembles avoir. Pis qui m’arrache le cœur.

 

Cette semaine mon bébé, tu perçais des dents. Pis la seule chose que t’avais besoin, c’était de ta maman. Ta maman sale, pas peignée. Dans le pyjama de papa toute la journée. Ta maman qui t’as bercé, cajolé, qui a essayé de te changer les idées. Ta maman qui a fait son gros possible. Parce dans le fond c’était ça, être une bonne maman cette semaine. Tout mettre de côté pour me concentrer juste sur toi.

 

Alors de l’extérieur, on pourrait dire que j’ai carrément perdu le contrôle. La maison est un vrai chaos.

 

Mais c’est plutôt le contraire, parce que ça en prend beaucoup de contrôle, pour survivre une semaine avec un bébé qui pleure, le jour comme la nuit. Dans mon coeur, tes petites palettes qui poussent m’ont reconnectées à l’essentiel de mon idéal de maman : être là. Juste être là, pis faire mon gros possible.

 

Parce que ce que je veux que tu te souviennes en grandissant, ce n’est pas à quel point notre sous-sol et notre cuisine étaient propres et notre garde-robe d’entrée rangé. Mais à quel point je t’ai serré dans mes bras en te disant que tout allait bien aller, à quel point j’étais là pour toi quand tu en avais besoin, et que je t’ai réconforté.

 

On s’en fout de la vaisselle, pis du lavage, pis de l’état du gazon pis même du blogue. Quand t’as mal.

 

On s’en fout de l’opinion des autres, pis des mères parfaites.

Parce que cette semaine, dans le pyjama de papa, pas de brassière, les cheveux sales. Cette semaine, en te berçant dans mes bras, tout en ignorant du coin de l’œil la montagne de vaisselle sale. J’étais la meilleure des mamans que je pouvais être pour toi.

 

Cette semaine, t’avais besoin de moi. La semaine prochaine, je ferai le ménage.

Author: l’Emmèredeuse

L’emMÈREdeuse, c’est moi : Catherine.
Maman de deux (petits monstres) adorables garçons : Tom le dresseur de loups et Henri le Bébé Loup.
Je suis copropriétaire d’une famille recomposée remplie d’amour et de folie.
Ma plume prend parfois des chemins humoristiques, parfois des plus sérieux, mais toujours ceux de l’authenticité et de l’humilité.
Maman Louve à mes heures. Je partage avec vous les petits et grands moments de mon quotidien de maman.
De maman ben ordinaire.
Qui travaille à temps plein … Pis qui fait son gros possible.