Mon B.A.B.I Henri-qui-fait-pas-ses-nuits.

Notre petit dernier, notre bébé Loup, notre bébé tant désiré… Je suis coupable de lui coller une étiquette.

Drette dans le front.

Dessus c’est écrit : B.A.B.I. pour Bébé À Besoins Intenses.

Dans la vie je suis intervenante et je n’ai jamais été pro-étiquettes. Les étiquettes, elles sont collées trop vites. Elles font qu’on oublie la personne en dessous et le fait qu’elle a malgré tout un certain pouvoir sur sa vie. Étiquettes qui ostracisent. Étiquettes qui divisent.

Mais cette fois-là, quand je me suis mis à pleurer ma vie, oui. Pleurer ma vie. Dans le bureau du médecin j’étais plus qu’heureuse qu’elle mette un mot, 4 lettres sur ce que mon tout petit bébé me faisait vivre jour et nuit. L’étiquette est arrivée au bon moment, je l’ai accueillie les bras ouverts. Elle voulait dire que je n’étais pas une si mauvaise mère.

Il y avait une explication.

Mais l’étiquette, elle me donne pas un break en plein milieu de la nuit quand mon corps a besoin de repos. L’étiquette, elle me fait pas pousser une autre paire de bras quand j’ai besoin de faire le souper, d’aller aux toilettes ou de me laver.

Je suis chanceuse parce que c’est »juste » cette étiquette-là. Dans la game des étiquettes, tu peux en piger des ben plusses pires que d’autres.

Mon B.A.B.I me ramène à mon sentiment d’incompétence quotidiennement.

Il m’emmène aux extrêmes, l’amour fou, la fatigue extrême, la détresse.

J’ai l’impression que c’est un peu un bébé mystère. Il n’y a pas de recette magique avec lui. Le truc qui l’aura endormi en 5 minutes aujourd’hui, lui fera faire une crise de deux heures demain.

Cet enfant a shaké tout ce que je pensais savoir sur l’éducation. A remis en question les valeurs que je croyais avoir comme maman.

Il rend mes limites tangibles. 1 minute encore de la patience, l’autre plus aucune.

Il fait ressortir ce qu’il y a de plus beau en moi, mais aussi des petites parties que j’aurais préféré de jamais découvrir. J’aurais préféré ne jamais savoir que je pouvais être cette »maman-là » aussi, celle dépassée.

Il me force à prendre soin de moi, à rester autre chose que »juste » une maman. Sans quoi je n’y arriverais pas. Ses sourires, ses petits bras tendus pour que je le prenne contre moi et ses cris de joies quand j’entre dans sa chambre pour la douzième fois en une nuit ne suffiraient plus à me faire oublier que je suis dépravée de sommeil.

Ne vous méprenez pas, il n’est pas juste intense dans le négatif, il l’est aussi dans le positif. Une vraie petite boule d’amour. Y’a pas de sourires plus lumineux que ceux d’Henri.

crédit photo : l'emMÈREdeuse

crédit photo : l’emMÈREdeuse

Il me force à déculpabiliser de le faire garder. Ces petits moments de pause présentés par les grands-parents sont ce qui me permet de continuer de prendre soin de lui. À prendre plaisir à m’occuper de mon B.A.B.I-étiquette. Si »ça prend un village pour élever un enfant », ça prend certainement deux familles pour élever un B.A.B.I.

Encore pire que de me lever plusieurs fois par nuit, c’est la pression que je ressens parfois de certaines personnes de mon entourage.

»Il fait TU ses nuits. »

Non mais y’a d’autres qualités . Il nous a même permis d’inventer une nouvelle façon de passer du temps en couple, ça s’appelle »le film a relais ». C’est très simple, on écoute chacun à la fois 15 minutes du film et on le se raconte en se donnant la tag dans le couloir de la chambre du bébé en changeant de shift de berçage.

On a même passé une soirée à googler » les bases de la numérologie » parce qu’il a fait caca toutes les nuits, à 3:33, pendant 3 semaines et qu’il restait éveillé pendant 3 heures. On s’est dit qu’il tentait sûrement se nous envoyer un message codé.

On dit que la clé avec les enfants c’est la constance. »Ça va te prendre 3 jours et il va comprendre que c’est pas lui qui décide ». Les personnes qui donnent ce genre de conseils n’ont clairement jamais passé 3 nuits blanches à essayer d’endormir un bébé qui se débat comme s’il se faisait brûler à vif.

Il fini toute ses nuits dans notre lit. Parce que toute ma détermination fond, à quelque part entre 1 heure et 4 heures du matin. Entre mon envie de pleurer toutes les larmes de mon corps et de gueuler tellement fort que je réveillerais tout le quartier.

Ça fait que mon bébé a une étiquette drette dans le front. La prochaine fois que tu me vois, demande moi pas s’il fait ses nuits. Tant mieux si ton bébé fait les siennes. Le mien a d’autres qualités. Pense pas que je suis une mère molle, non. Je suis juste une mère fatiguée.

Author: l’Emmèredeuse

L’emMÈREdeuse, c’est moi : Catherine.
Maman de deux (petits monstres) adorables garçons : Tom le dresseur de loups et Henri le Bébé Loup.
Je suis copropriétaire d’une famille recomposée remplie d’amour et de folie.
Ma plume prend parfois des chemins humoristiques, parfois des plus sérieux, mais toujours ceux de l’authenticité et de l’humilité.
Maman Louve à mes heures. Je partage avec vous les petits et grands moments de mon quotidien de maman.
De maman ben ordinaire.
Qui travaille à temps plein … Pis qui fait son gros possible.