Je t’en veux.


Je t’en veux tellement…

 Si tu savais à quel point je t’en veux, ça me ronge en dedans et tu n’en as aucune idée.
Le pire, c’est que je suis obligée d’avouer que je n’y comprends rien. Je ne peux pas comprendre que tu ne réalises pas toute la haine que j’ai pour toi.

Clairement, tu me connais beaucoup moins que tu le penses.

Je t’en veux de m’avoir fait rêver d’une vie ensemble. D’une vie simple. D’une vie douce et belle. Une vie complète. Une vie comme j’en rêvais.
Je t’en veux d’avoir accepté de faire de moi une maman. De réaliser ce rêve que je chérissais.

Oui, tu as bien lu! Je t’en veux d’avoir fait un enfant avec moi.

 Parce que forcément, au moment où tu m’as dit oui pour faire un p’tit, tu savais.
Tu le savais qu’un jour, ça se terminerait. Qu’un jour, je verrais clair. Qu’un jour, j’en aurais assez. De tes mensonges, de tes cachotteries. Tu savais qu’un jour tu te ferais prendre et que tout ce que je croyais qu’on avait bâti volerait en éclats.
Mais malgré tout, tu as accepté qu’on fasse un bébé.

Tu as accepté de me faire un enfant en sachant qu’un de ces jours, tu me l’arracherais une semaine sur deux.

Tu m’as fait le plus beau cadeau de ma vie, tu m’as permis de connaître l’amour inconditionnel.
Tout en te doutant que tôt ou tard, je n’aurais plus le choix de partir.
Que ce serait à moi de briser notre famille.

Et je t’en veux pour cette violence-là. Tu n’es même pas proche de savoir à quel point.

 Je t’en veux de ne pas me laisser le temps de m’adapter. Tu t’attendais à quoi ? Que j’allais être en paix avec tout, tout de suite, maintenant ? Que dès que j’allais passer le pas de la porte de notre maison j’allais t’avoir pardonné ? Que j’allais avoir oublié ?
Je t’en veux de ne pas te rendre compte que tu vas trop vite pour moi et que c’est en partie pour ça que c’est si difficile.
Je t’en veux de m’avoir traité de la façon que tu l’as fait pendant toutes ces années. Sournoisement, dans mon dos, sans que j’en aie la moindre idée.
Je t’en veux de m’avoir fait croire que je ne valais pas mieux que ça.

Je t’en veux d’avoir eu une si minable opinion de moi, que tu pensais que j’allais endurer tout ça, tout le temps, pour toujours.

Que mon amour pour toi était plus grand que celui que j’ai pour moi. Que je ne serais pas capable d’y arriver sans toi.
Je t’en veux de faire semblant de ne pas comprendre pourquoi je capote quand elle n’est pas avec moi.
Je t’en veux de me lancer le fait que je n’ai pas d’emprise sur ce qui se passe quand elle est chez toi. Que tu peux tout décider, que tu n’as pas de compte à me rendre.
Je t’en veux de me l’enlever une semaine sur deux, elle, ce que j’ai de plus précieux.
En me disant que c’est la meilleure chose pour elle, la garde partagée. Qu’au fond de mon cœur, en dessous de ma colère et de toutes les blessures mal cicatrisée que tu m’as infligées, je le sais moi aussi.

Je t’en veux de savoir toujours exactement sur quels boutons appuyer pour que j’en vienne à faire ce que tu veux.

Je t’en veux parce que maintenant qu’on a un enfant, je suis prise avec toi.
Jusqu’à la fin de mes jours. Je suis obligée d’être fine, d’être sympathique, d’être conciliante, d’être compréhensive.
Pas pour toi. Je m’en fout de toi, de tes sentiments, de tes chagrins.
Je le fais pour elle.

C’est elle qui éteint un peu mon feu. C’est pour elle que je fais ça. Et pour elle que je continuerai de le faire.

Pas parce que je suis faible. Parce que je l’aime de tout mon être.
Tellement que ça me fait mal.
Pis c’est de ta faute.

Parce que je t’en veux. Simple de même.

Je t’en veux.

Author: mademoiselle Ladiscrète