Je suis la secrétaire de mon mari, et ça me plaît.

crédit photo : Robbie photographie

Je vois souvent la surprise dans les yeux de #lesgens quand ils apprennent que je suis la réceptionniste en herbes dans l’entreprise de mon mari.

On appelle ça adjointe entre nous pour que ça fasse plus joli.

Mais on va appeler un chat un chat : je répond au téléphone, je classe des dossiers, je fais des photocopies pis je vais chercher le courrier.

J’accueille les clients avec mon plus beau sourire : »Je peux-tu vous offrir un bon café ?, assoyez-vous ici, ce sera pas très long, promis. ».

Je me force même pas pour être fine avec eux, c’est de même : je les aime.

Ils permettent à mon mari de réaliser son rêve le plus fou. Ils font vivre ma famille. Ils nous donnent une qualité de vie incroyable.

Je dis que je suis en training parce qu’honnêtement, j’ai commencé à venir ici juste pour me changer les idées, pour m’éloigner de mon lavage pas fait pis de mes planchers sales pendant mon congé de maladie. Pour voir des gens et surtout parce que ça m’aidait à éteindre un peu les idées noires qui me traversaient l’esprit.

On me demande souvent si je trouve ça réductionniste que mon mari soit »mon boss ».

Non. Jamais.

Le respect et l’égalité ça va de soi dans un couple, qu’on partage une vie professionnelle ou pas.

Ça m’insulte un peu qu’on pense que je me sens diminuée. Je veux dire, j’ai fais des études, j’ai un travail respectable. Je me suis prouvée professionnellement. Pis là je suis juste ailleurs. Mais pas à une place moins importante. Juste à une place différente.

En vieillissant ma vision de la vie change énormément. Mon psy dit que c’est la crise de la trentaine. Que je réalise que je suis une adulte pour vrai. Pis j’aime ça cette nouvelle perspective-là.

Pu rien à prouver à personne, sauf à moi.

Pas besoin d’avoir une carrière au top des tops pour prouver que je suis forte, intelligente et ambitieuse, successful.

Je le sais que je le suis.

À l’intérieur de moi. À une place où ça n’a même pas besoin de paraître. À une place où l’opinion et le jugement des gens se rend même pas tellement que c’est pas important.

Je suis rendu à une étape où les rêves de mon mari sont devenus les miens. Pis où les miens sont devenus les siens.

On est rendus là. Pis je vais te dire quelque chose, c’est nice en pas pour rire.

Ça goûte pas mal plus doux.

On faits des sacrifices chacun de notre côté pour pousser l’autre juste un peu plus près. Pour qu’il puisse s’accrocher et se hisser un peu plus haut, un peu plus proche du but.

De notre but.

Je suis rendu à une place où mes valeurs sont très définies, et tellement claires, genre que ça glow in the dark:

Ma famille. Ma santé.

Pour l’instant, être sa secrétaire c’est ma petite puff d’air. Parce que si je suis bien honnête, présentement, ma job de femme forte. De femme avec une aussi belle carrière que son homme, je suis pas capable de la faire. Je suis pas encore assez guérie dans ma tête pour ça.

Donc en attendant, je réponds au téléphone, je classe des dossiers (pis je les classe bien en tabarnouche, tsé : #tocdeclassement), je fais des photocopies pis du café. J’accueille nos clients. Je distribue des sourires. Ça me rend heureuse.

Je passe plus de temps avec nos enfants, je prépare le souper. Bientôt je vais surveiller l’autobus jaune par la fenêtre et être à la maison pour accueillir mon dresseur de loups. Je vais être aux premières loges pour écouter ses 1001 aventures d’école et m’émerveiller devant son esprit qui s’ouvre au monde.

Pis ça, je vais te dire, ça vaut ben plus qu’une job de femme forte qui veut prouver au monde entier qu’elle est égale aux hommes. Parce que de toute façon elle l’est.

L’égalité, c’est dans la liberté.

La liberté de faire de nos vies de femmes ce qu’on a bien envie d’en faire. D’être une mère au foyer, pendant que mon mari gère sa business comme un chef, l’esprit tranquille, sachant que je suis là pour nos enfants, ça m’empêcherait pas d’être son égale tant que c’est mon choix à moi. Tant que je suis bien là dedans. Tant que je le sais que si tel était mon désir, je pourrais retourner rocker le marché du travail.

Tsé. Y’a pas juste une façon d’être une femme forte.

Y’a pas juste une façon d’être une féministe. Y’a pas juste une façon de vivre sa vie.

Moi aujourd’hui, ma façon de vivre ma vie, comme une femme féministe et forte, c’est de reconnaître mes limites et de prendre soin de moi.

C’est aussi d’être la secrétaire de mon mari à temps partiel, et puis maman et maître de ma vie à temps plein.

Author: l’Emmèredeuse

L’emMÈREdeuse, c’est moi : Catherine.
Maman de deux (petits monstres) adorables garçons : Tom le dresseur de loups et Henri le Bébé Loup.
Je suis copropriétaire d’une famille recomposée remplie d’amour et de folie.
Ma plume prend parfois des chemins humoristiques, parfois des plus sérieux, mais toujours ceux de l’authenticité et de l’humilité.
Maman Louve à mes heures. Je partage avec vous les petits et grands moments de mon quotidien de maman.
De maman ben ordinaire.
Qui travaille à temps plein … Pis qui fait son gros possible.