Le gêne du malheur.

Je suis restée dans ton lit un petit 5 minutes de plus.

Parce que j’en avais de besoin.

Tu t’es collé tellement fort. J’ai respiré l’odeur de tes cheveux. Tu te laves encore avec un savon d’enfant, mais on dirait que ça sent pu pareil depuis que t’as 7 ans.

Des fois ça me donne le vertige quand je pense au fait que je suis ta maman.

La majorité du temps tu sais, je sais pas vraiment ce que je fais.

Je me démène, je fais de mon mieux.

Je me trompe souvent.

Je me reprend.

Je m’excuse.

Pis je recommence.

Pis je réalise que peu importe les erreurs que je fais, tu vas toujours m’aimer.

Pis ça, je t’avoue que c’est trop pour moi.

Ça me submerge. 

Iceberg droit devant.

Ça me fait couler.

J’ai l’impression de pas te mériter.

Ce soir, t’as rien vu de ça, mais j’ai fais cuire la viande hachée pour le macaroni que tu m’as demandé pour souper en pleurant.

Parce qu’aujourdhui j’ai l’impression qu’être votre maman c’est trop grand pour moi.

Que je serai jamais totalement celle que vous méritez, ton frère et toi.

C’est toute une aventure. Pour laquelle je suis pas sûre que j’étais prête. 

Peut-on l’être vraiment ?

Je vous aime comme jamais j’aurais cru possible d’aimer.

D’un amour plus grand que moi.

Ou comme je vous dit toujours quand je vais vous embrasser la nuit : « je t’aime plus que la vie. »

Oui.

Mais des fois, comme aujourd’hui, j’ai le goût de m’en aller.

Ta maman a des faiblesses.

Beaucoup de noirceur dans son cœur parfois.

Peut-être plus de chagrin que les autres mamans.

J’en sais rien.

Ce que je sais c’est que je laisse l’amour me guider. 

Celui que j’ai pour vous, parce que pour moi, j’en ai pas beaucoup.

Mais vous grandissez. 

Et malgré tout, je trouve qu’on se débrouille bien.

Vous êtes forts, intelligents et drôle. Gentils surtout, généreux et doux.

Je peux pas croire que vous êtes si parfaits malgré tout.

Je le sais qu’en vieillissant, tu vas t’en rendre compte. 

Maman est triste l’automne. 

Maman est « all over the place » l’autre moitié de l’année.

Un jour je vais te parler d’anxiété, de santé mentale et de bipolarité.

Si tu savais comme je redoute ce jour.

Ce jour où tu vas me juger.

Où tu vas peut être penser que je n’en ai pas fait assez.

Mais sais tu de quoi j’ai encore plus peur ?

De t’avoir donné ce gêne là.

Le gêne du malheur. Du mal-être.

Je veux tellement mieux pour toi.

Toi qui a le bonheur facile.

Toi mon doux sensible.

Mon bébé parfait.

Mon garçon. Mon amour.

Oui, chez nous c’est peut être pas comme chez tes amis.

Ça traîne peut-être plus. 

Je sais pas. Les gens sont pas honnêtes sur ce sujet-là.

Les gens sont pas honnêtes tout court dans le fond.

Mais ça je me le suis promis, de toujours te dire la vérité.

Et n’en attend pas moins des personnes qui passeront dans ta vie.

Moi, je fais tout ce que je peux pour rendre vos vies pleines de magie.

Je fais tout ce que je peux pour passer le plus de temps avec vous deux.

Je suis loin d’être là maman parfaite.

Elle existes tu anyways ?

J’en sais rien.

Je sais pas grand chose au fond.

Ce que je voulais te dire mon amour, c’est de ne jamais oublier que de la noirceur naît la beauté.

Author: l’Emmèredeuse

L’emMÈREdeuse, c’est moi : Catherine.
Maman de deux (petits monstres) adorables garçons : Tom le dresseur de loups et Henri le Bébé Loup.
Je suis copropriétaire d’une famille recomposée remplie d’amour et de folie.
Ma plume prend parfois des chemins humoristiques, parfois des plus sérieux, mais toujours ceux de l’authenticité et de l’humilité.
Maman Louve à mes heures. Je partage avec vous les petits et grands moments de mon quotidien de maman.
De maman ben ordinaire.
Qui travaille à temps plein … Pis qui fait son gros possible.