J’ai mis une photo de bébé Cath parce que c’est de même je me sens de revenir ici. T.W suicide

T.W suicide.

Je pense souvent à Denis, ceux qui me connaissent savent de qui je parle. Denis, mon beau-père s’est enlevé la vie quand j’avais 15 ans. Ça fera donc 18 ans le 15 septembre.

Si on recule à il y a 18 ans, il n’y avait pas autant de prévention qu’aujourdhui à propos du suicide. Je me suis souvent demandé en grandissant si on aurait pu le voir, l’aider, le sauver. La vérité c’est que non. Et il m’aura fallu, 18 ans et une formation sur le dépistage et l’évaluation du risque suicidaire dans le cadre de mon travail pour le réaliser. Denis n’a pas demandé d’aide. C’était impossible de l’aider. La formation m’a été donnée par le centre de prévention du suicide le Faubourg . Le même organisme qui m’a aidé en tant qu’ado endeuillée d’un parent par suicide. Qui a aidé mon frère, ma soeur et ma mère aussi. Bref c’est un superbe organisme que je soutenais déjà et que je continuerai de soutenir.

Fin de (l’énorme) parenthèse.

C’est même pas de ça que je veux vous parler, en plus je suis full d’avance sur la semaine de prévention du suicide. J’aurai pu d’inspiration. lol (j’assume le lol ce soir).

Je voulais vous dire que je pense souvent à Denis genre : s’il voyait telle ou telle affaire il capoterait! Si il savait telle affaire il en reviendrait pas ! Genre il en reviendrait pas de voir ce que St-Canut est devenu lol (tien encore). Il y a un MCDO ! Je me dis aussi souvent : maudit que Denis serait pas fier de moi. Parce qu’il était exigeant Denis, intransigeant. Il demandait la perfection, chez tous et chacun. C’est pas ça la vraie vie Denis, je le sais aujourd’hui. Je me donne de plus en plus droit à l’erreur. Mais aussi, quand j’ai des petites pis des grosses fiertés j’aimerais tellement ça lui partager. Je le sais qu’on célébrerait chacune de mes victoires comme il se doit. Denis c’était ma plus grande cheer leader. Tiens en le disant ça me frappe de plein fouet. Je me suis souvent demandé duquel de mes 4 parents je tenais ça : célébrer tout et rien. De façon grandiose la plupart des fois. Grandiose dans l’intention surtout. Coudonc ça devient donc ben emo mon affaire. J’avais zéro l’intention de vous parler de suicide quand j’ai commencé à écrire.

En faits ça fait longtemps que je cherche quoi faire avec le blogue. Que j’ai pas le coeur de fermer la page web qui déborde de souvenirs de ma maternité. Alors j’ai le goût d’essayer ça. Un peu une Emmèredeuse 2.0 maman d’un préado et non plus d’un bébé-loup-au-sein-qui-dort-pas-de-la-nuit-et-qui-hurle-des-que-je-sors-de-sa-vue-je-chie-avec-Henri-strappé-sur-le-chest-dans-le-porte-bébé. Tu le vois tu comment je suis pu du tout la même maman ? Même si Henri 7 ans fait pas encore ses nuits à l’heure où je te parle, et que je fais encore du cododo (on s’en rejasera peut-être).

Donc ce que je voulais vraiment dire. C’est que Denis lui, il était pas du tout technologique. On avait un ordi pas d’internet à la maison pour faire nos travaux et jouer au sims. Il aurait été scandalisé d’apprendre que j’ai eu un cellulaire à 16 ans. Imagine-le donc me juger avec mes enfants qui sont scotchés aux écrans ayayaye. Ouin.

Sauf que caline que ça change la vie quand même cette possibilité là de se voir même quand on est loin.

Parce que si je pouvais parler à Denis en ce moment, j’aimerais ça lui dire que ma vie est loin d’être celle que j’avais planifiée. Ou que celle qu’il aurait pu m’imaginer avoir. J’ai fais beaucoup d’erreurs. J’ai réalisé certains de mes plus grands rêves. J’ai rencontré des gens formidables. J’ai des vrais amis (maudit que tu m l’as répété de bien choisir qui m’entourait, j’avais oublié ça aussi.) J’ai déjà beaucoup voyagé. J’ai aimé de tout mon coeur, on me l’a brisé aussi. J’aimerais ça lui dit à Denis que malgré une année où mes proches se préparaient à devoir me réanimer, me sauver de moi-même et de ma tristesse, j’ai gardé la tête haute et j’ai continué d’avancer. Parce que j’étais entourée. Parce que les gens autour de moi connaissent aussi mes faiblesses, et je pense qu’ils ne m’en aime que plus. Parce que je suis vraie. J’aimerais ça lui dire que j’ai aperçue moi aussi la brèche, que je l’ai pensé moi aussi que je serais jamais capable de me relever d’avoir perdu celui avec qui je croyais finir ma vie, en même temps que ma famille. Je me le suis demandé si ça valait la peine de continuer.

J’aimerais ça  lui dire que tout fini par passer. Pis que maudit que je m’ennuie de lui.

Ouf. Bon je braille.

Dans le fond mon « Heille Denis en reviendrait pas » de la journée c’est que mon moment de qualité avec mon enfant ce soir, je l’ai eu au travers d’un écran. Je me demande si ça aurait pu changer de quoi en 2005, de s’appeler de se faire sourire. Ça fait du bien dans le coeur un peu en tant que parent séparé quand on s’ennuie. Moi ça m’a redonné un peu de joie dans le mien après. Un petit « ouf » ça fait du bien.

Parce que ça c’est une autre affaire que j’aimerais lui jaser. Ma vie de famille solo parentale. Avec mes deux petits dudes. Je lui dirais plus : je suis là cheffe de ma famille. Je devrais aussi par contre lui expliquer que je me suis mariée deux fois. Que j’ai eu un enfant avec chacun d’eux. Avant de divorce les deux fois.. Pas sure qu’il serait fier. Mais que je sois cheffe de famille, ça ça le rendrait fier. Avec Denis j’ai eu du tough love. Ça a fait de moi la femme que je suis aujourd’hui. Forte et indépendante. Autant capable de répondre, que de garder le silence quand il le faut. Il serait fier de moi que j’aille de la répartie. J’ai eu un bon professeur à ce niveau.

Ce sera son anniversaire de décès dans quelques semaines, et je me fais tatouer ce jour-là (pas sure qu’il aimerait mes barbouillages, quoi que je le juge peut-être sévèrement, c’était un artiste) c’est drôle j’ai pris congé sans m’en rendre compte. C’est toujours une journée chargée d’émotions pour moi. Même avec le temps. La peine devient différente, elle ne s’en va pas totalement, tout comme l’incompréhension qui vient avec un suicide. Je pensais vraiment pas parler de Denis aujourd’hui, il est présent dans mes pensées dernièrement. J’aurais tant aimé qu’il lise mes romans, et qu’on en parle ensemble comme on décortiquait les Harry Potter. Ça c’est une autre affaire qui me chicote : il aura jamais su la fin de l’histoire !

Alors vous en pensez quoi ? À moitié entre un journal intime et une info lettre ? On se refait ça ?

 

Fin de la parenthèse pour vrai.

 

Author: l’Emmèredeuse

L’emMÈREdeuse, c’est moi : Catherine.
Maman de deux (petits monstres) adorables garçons : Tom le dresseur de loups et Henri le Bébé Loup.
Je suis copropriétaire d’une famille recomposée remplie d’amour et de folie.
Ma plume prend parfois des chemins humoristiques, parfois des plus sérieux, mais toujours ceux de l’authenticité et de l’humilité.
Maman Louve à mes heures. Je partage avec vous les petits et grands moments de mon quotidien de maman.
De maman ben ordinaire.
Qui travaille à temps plein … Pis qui fait son gros possible.