C’est l’histoire d’un petit vieux à moustache qui était ratatiné de l’intérieur.

Salut à toi vieux monsieur qui était assis en face de moi dans la salle d’attente de la clinique. Vieux, c’est peut être relatif.C’est peut être pas poli. Mais c’est ça qui est ça. Pour moi être vieux, c’est dans la tête pis dans le cœur. Quand tu commence à sécher de l’intérieur. T’es vieux. 

Donc, t’es un vieux monsieur à moustache. Et dans le coin de ton œil, crains pas, je la vois, l’étincelle de jugement. 

J’aimerais ça t’expliquer, mon petit monsieur moustachu comment j’élève mes enfants, c’est-à-dire du mieux que je peux. Je veux pas me justifier. Mais apparemment, mes kids te dérangeaient pendant que tu attendais ta session de social de la semaine avec ton médecin. 

(Ok il était peut être malade lui aussi, le vieux monsieur moustachu, me direz vous, c’est pas toutes les maladies qui sont apparentes, c’est vrai. C’est vrai, je porte un jugement. Je le sais que vous autres vous êtes pas de même. Mais moi j’ai ce défaut là !)

Comme tu le sais, mon petit monsieur, faut se lever tôt au Québec pour avoir un rendez vous dans une clinique. Tu le sais qu’il faut se lever tôt parce que ton rendez-vous était avant le mien. J’étais donc passablement fatiguée. Parce qu’en plus de me lever à 4:30 ce matin là, ça faisait deux autres nuits que je veillais mon garçon qui faisait de la fièvre. Ça aussi t’aurais pu le déduire, que mon gars était malade. Y pleurait sa vie. Y morvait sa vie. Pis y toussait sa vie. 1+1=2. J’étais une maman fatiguée. Et une maman inquiète. La dernière chose que j’avais besoin ce matin là, c’était que tu me regardes comme si j’étais un fail de mère. 

Petit poulet était turbulent. C’est long attendre, pour un petit gars de 4 ans. Un petit gars de 4 ans malade. C’est long une heure assis sur une petit chaise raide quand t’as mal à la tête pis que tu feel tout croche. 

Ça fait que j’étais entrain d’allaiter bébé loup quand petit poulet a décidé de lancer des blocs. Pas ben loin. Pas ben fort. Juste assez pour déranger. Juste assez pour que je doives intervenir. Sûrement qu’il tentait de me faire savoir (de façon inappropriée) qu’il avait besoin que je m’occupe de lui. Qu’il aurait voulu que je le prenne lui aussi, que je le réconforte, il faisait pas semblant d’être malade. Mais, son frère avait soif. C’est comme ça, j’ai juste deux mains et elles étaient prises.

« Poulet on lance pas les blocs »

Tu m’as fais ton regard jugeant, de monsieur moustachu incommodé par mon enfant mal élevé .

Poulet m’a regardé dans les yeux. A lancé un autre bloc. 

Regard jugeant. 

« Poulet arrête de lancer les blocs sinon tu vas venir t’assoir »
Regard jugeant. 
Poulet me regarde dans les yeux. Lance un autre bloc. 

Regard jugeant et insistant.

Je me lève. Met bébé loup dans sa poussette. Il avait pas fini de boire. Il hurle. RegardS jugeantS. 

Prend petit poulet. Il hurle. 

RegardS jugeantS. 

L’assois sur la chaise. Duo d’hurlements.

« Je t’avais demandé d’arrêter poulet. Tu dois réfléchir ici 4 minutes. »

Il hurle. 
Regard jugeant. 

Me donne un coup de pied. 

Regard jugeant.

« Non poulet »

Hurle. Coup de pied. 
Regard jugeant.

« J’ai dit non poulet. »

Hurle. Coup de pied. 
Regard jugeant.

(Monte le ton) « Écoute moi ben mon gars. C’est pas parce que t’es malade que t’as le droit de me frapper. » 

Prend le bébé qui pleure d’un bras. Tapote les fesses. Fais une couple de 8 avec les hanches. Ramasse les blocs. 
Regard jugeant. (Ouais je devrais pas, c’est lui qui les a lancé. Monsieur moustachu relis le début de ce texte. Mon enfant est malade).

Petit poulet pleure doucement.

« C’est long maman. » 

Ça fait mal dans le cœur d’une maman. Presqu’autant que tout ton jugement que tu ne prend pas la peine de camoufler. Ça fait mal quand t’es une maman pis que tu fais ton possible. Quand t’es une maman pis que t’es fatiguée . Pis que t’es inquiète. Pis que tes enfants pleurent. Pis que tu le sais qu’ils dérangent les monsieurs moustachus. Tu le sais qu’ils sont loud. Oui, vieux monsieur. Je le sais que mon enfant crie. Je l’entend moi aussi. Pis tes soupirs n’y changeront rien. Je le sais que mon enfant t’agresse avec ses pleurs. Mais y’en a un qui a faim. Pis l’autre qui a mal. Pis j’ai juste deux mains. Pis j’ai le goût de pleurer. 

Cher vieux monsieur à moustache. J’espère que même à 80, je serai pas sèche par en dedans. Pis que quand je verrai une mère épuisée avoir ben de la misère à gérer ses enfants, j’utiliserai ma force de petite vieille (sûrement moustachue aussi) pour lui tenir la porte. Pour au moins, lui sourire…

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Author: l’Emmèredeuse

L’emMÈREdeuse, c’est moi : Catherine.
Maman de deux (petits monstres) adorables garçons : Tom le dresseur de loups et Henri le Bébé Loup.
Je suis copropriétaire d’une famille recomposée remplie d’amour et de folie.
Ma plume prend parfois des chemins humoristiques, parfois des plus sérieux, mais toujours ceux de l’authenticité et de l’humilité.
Maman Louve à mes heures. Je partage avec vous les petits et grands moments de mon quotidien de maman.
De maman ben ordinaire.
Qui travaille à temps plein … Pis qui fait son gros possible.