Lettre à mon bébé qui refuse de dormir seul.

crédit photo : Robbie Photographie

Tu as joué dans le bain, on a chanté des chansons.

J’ai massé tes petites jambes comme tu aimes, et donné des bisous sur ton bedon si doux.

Je t’ai laissé brosser tes cheveux, et ça t’a fait rire comme à tous les soirs.

Puis j’ai usé de beaucoup d’imagination pour réussir à te brosser les dents, comme d’habitude.

Je t’ai bercé de longues minutes, je suis tellement amoureuse de toi, j’ai allumé ta veilleuse préférée.

J’ai senti ta petite tête bouclée devenir lourde sur mon épaule et ta respiration devenir plus profonde.

J’ai profité du moment, ça durera pas toute la vie.

Seigneur que tu sens bon mon bébé.

Puis je t’ai déposé précautionneusement dans ton lit, j’ai placé ta doudou sur ta joue comme tu aimes.

Et j’ai retenu mon souffle en sortant de ta chambre.

J’ai même pas eu le temps d’en sortir vraiment. T’étais déjà debout au bout de ton lit, hurlant, me tendant les bras. Comme si je t’avais mis au lit brusquement. Comme si je t’avais arraché de mes bras.

J’ai tenté d’aller faire mes tâches de maman. La vaisselle, le lavage, tu sais, prendre soin de la maison et être une adulte. Mais je t’entendais pleurer et ça m’arrache le cœur.

Je repense à tous ceux qui me disent depuis des mois et des mois de te laisser pleurer. De te casser. Je suis juste pas capable. Je le sais que c’est pas de la manipulation. Je le reconnais à ta façon de pleurer.

Je suis remontée, et me voilà, en train de te bercer de nouveau.

La vérité, c’est que je me sens prise en otage mon amour.

Tous les soirs. Ça prend des heures avant que tu ne t’endormes.

Et ma réserve d’énergie, et de patience est complètement vide.

J’appréhende ce moment tous les jours.

Je me sens agressée.

Je n’y arrive plus. Je manque de temps pour moi. Et pour faire tout ce que j’ai à faire une fois que vous êtes couchés.

Quand je réussis enfin à t’endormir pour de bon, je n’ai plus la force de retourner tout nettoyer et ranger.

Je n’ai plus l’envie de faire des choses qui me feraient du bien, parce que j’ai en tête toutes les tâches que je n’ai pas terminées.

Tu es rendu grand mon amour.

Même si je suis souvent nostalgique de l’époque où tu étais mon tout petit mini bébé scotché à moi, le temps a passé.

Je sais que tu es capable de faire des beaux dodos tout seul.

Maman est pas loin. Juste à côté.

Maman ne t’abandonnera jamais. Je te le promets.

Maman t’aime à l’infini bébé.

Ça va aller.

Ferme tes beaux yeux.

Fais des beaux dodos.

Le monde t’attend à ton réveil.

Il t’appartient.