Le macaroni chinois.

Les gars ce soir j’aimerais ça pouvoir vous parler. D’égal à égal. J’aimerais ça que vous soyez plus vieux. Juste l’instant que je vous explique comment je me sens en dedans.

Maman, elle est malade dans son coco les gars. Des fois ça parait sur son visage, dans ses yeux. Je le sais que vous le savez parce que dans ce temps-là vous me lâchez pas une seconde. Vous vous collés les deux sur moi comme deux petits koalas pis je suffoque, parce que c’est peut être pas beau à dire pour une maman, mais dans ce temps là j’ai de la misère à gérer ma propre peau.

Des fois ça parait pas non plus. Comme ce soir probablement. J’ai pris ma médication religieusement pendant le temps des fêtes. Mais là, depuis 2 semaines j’ai pas été Ben Ben a mon affaire. Je dors pas beaucoup. Je dors pas bien. J’ai repris rendez vous avec mon médecin. Ça va être correct.

Sauf que ce soir je vous ai cuisiné un macaroni chinois.

Ostie que j’avais pas le goût.

Mais je l’ai fait.

J’aurais pu commander de la bouffe encore une fois. Mais j’ai décidé que non.

Moins d’écarts alimentaire en 2020.

Je me remet à cuisiner même quand ça me tente pas.

Parce que je veux que vous gardiez l’image d’une maman qui cuisine de la bonne bouffe maison. Que ça sente bon pendant que vous écoutez vos petits bonhommes avant le souper. Pour moi, y’a rien de plus réconfortant que ça.

Parce que je veux ancrer dans vos têtes les souvenirs d’une famille unie qui mange autour de la même table.

Je veux que notre maison soit votre havre de paix les gars.

Je m’en fais un devoir chaque jour. À soir, ça passait par le macaroni chinois.

J’ai fait le souper en faisant les mots de vocabulaire de Thomas sur le coin du comptoir. Probablement que ta liste photocopiée va encore sentir l’oignon demain matin. Je m’excuse madame Valérie.

J’ai fait le souper en gérant la crise d’Henri parce qu’il a le nez trop irrité à force de se moucher.

En écrivant au prof de Thomas parce qu’il a encore perdu du matériel important pour l’école.

(Je le sais pu par quel bout te prendre mon homme pis ça me fend le coeur en quanrante-douze morceaux. J’ai l’impression que tu me glisses entre les doigts. T’es un gros mystère pour moi. Moi, ta maman. Je t’ai eu 9 mois dans mon ventre et parfois j’ai l’impression de ne pas te connaître. Ça me brûle en dedans Thomas.)

J’ai fais cuire la viande hachée. Et les légumes. Pas de brocoli parce que Guillaume aime pas ça. Mais moi, c’est le légume que je préfère dans le macaroni chinois. J’en mettrai la prochaine fois, ce soir je veux lui faire plaisir, il va travailler tard.

En m’occupant du chien qui est allé manger la litière des chats dans le sous sol. Elle vomi beaucoup dans ce temps là. C’est super.

Je me suis assise par terre pendant que les pâtes bouillaient. Pour gosser un peu sur mon cell. C’est correct, j’ai dit que j’y touchais pu entre 17:00 et 20:00, mais il est juste 16:52.

Bien sûr, les macaronis étaient trop cuits.

Je me suis pas fâchée.

Je suis restée calme.

Même si ça me bouillait en dedans.

J’ai pas crié.

Je vous ai servi dans des assiettes en cartons.

Pis je me suis lâchée lousse j’ai mis le pain blanc tranché sur la table avec de la margarine. Quand j’étais petite ma mère faisait ça. Maintenant faut pu. Surtout pu. Des pâtes pis du pain. Le yable en personne.

Je me suis pas fâchée.

Je suis restée calme.

Même si ça me bouillait en dedans.

J’ai pas crié.

Même quand Henri a lancé son plat de macaroni parce qu’il voulait souper des fruits.

J’ai ramassé en respirant doucement. Parce que cette bataille-là, j’avais pas la force de la mener ce soir.

J’ai choisi d’être maman. Je le savais que ça n’allait pas être facile.

Mais je n’ai pas choisi de vivre avec la maladie mentale.

Ça fait mal de penser ça, mais je vais le dire. Pour toutes les autres mamans qui ont aussi honte que moi d’y penser.

Si j’avais su. Je ne vous aurais pas eu.

Pas que je vous aime pas de toutes les cellules de mon corps. Pas que je ne donnerais pas ma vie pour vous.

Non. Pour éviter de vous faire vivre ça à vous.

Et surtout. Surtout. Pour ne pas vous le refiler. Le gêne du malheur.

Celui qui assombri les journées ensoleillées.

Dans le fond les gars, ce que j’ai envie de vous dire. Et à toutes les autres mamans qui vivent la même chose que notre famille…

C’est que maman fait plus que son gros possible. Vous savez je vous demande souvent quand vous faites quelques chose : « as tu donné ton 100% ? Es tu fier de ce que tu as accompli ? » si oui … c’est tout ce qui compte.

Aujourd’hui mes amours, mon 100% c’était le macaroni chinois.

Vous donner votre bain, courir après Henri qui « s’en fiche de puer », brosser les dents, lire l’histoire, argumenter parce que vous en voulez une deuxième, pis que moi j’ai juste le goût de me canter. Lire une deuxième histoire. Remonter donner plus de bisous et plus de câlins. Deux fois. Ça va.

Mais le macaroni chinois qu’y avait pour souper. Pour moi, c’est le plus d’amour que je pouvais vous donner.

Ça fait pas de sens aujourd’hui. Peut-être.

Mais oui, je suis fière en maudit.

 

Author: l’Emmèredeuse

L’emMÈREdeuse, c’est moi : Catherine.
Maman de deux (petits monstres) adorables garçons : Tom le dresseur de loups et Henri le Bébé Loup.
Je suis copropriétaire d’une famille recomposée remplie d’amour et de folie.
Ma plume prend parfois des chemins humoristiques, parfois des plus sérieux, mais toujours ceux de l’authenticité et de l’humilité.
Maman Louve à mes heures. Je partage avec vous les petits et grands moments de mon quotidien de maman.
De maman ben ordinaire.
Qui travaille à temps plein … Pis qui fait son gros possible.