Mon bébé étoile-filante.
Tu étais chez ton père quand c’est arrivé. J’ai vécu ma tristesse, ma douleur, ma colère pendant ton absence. J’avais hâte que tu ramènes un peu de soleil dans la maison. Et parce que t’es l’enfant le plus awesome que je connaisse, la première chose que tu as fait en revenant, c’est de dire bonjour au nouveau bébé dans mon ventre. De lui donner un bisou. Par mon nombril. T’es juste à la bonne hauteur. Tu l’as fait tellement souvent quand c’était ton frère qui était là. Il y a tout juste quelques mois à peine. Et c’était la chose la plus douce du monde dans ce temps-là.
Pourtant cet après-midi, dans le vestiaire de la garderie, ton petit bisou a eu l’effet d’un poignard, droit dans mon cœur. J’ai encaissé le coup. J’ai ravalé mes larmes.
Je n’avais pas réfléchis à comment j’allais t’annoncer la nouvelle. Je n’avais pas prévu que tu étais si fier d’être grand frère à nouveau.
Le bébé il n’est plus dans mon ventre .
« Mais elle est où ma petite soeur? » (Parce que t’avais décidé que c’était une soeur)
Bonne question.
« As tu regardé dans ton coude ? »
Il n’est pas dans mon coude le bébé mon amour. Il est parti.
Et de dire ces 3 mots : il. est. parti. En regardant au plus profond de tes beaux yeux noirs. Tes beaux yeux doux, tes yeux purs. Les dire tout haut: Il. est. parti. Acheva de me briser.
Je ne pouvais plus faire comme si rien ne s’était passé. Comme si ça n’avait pas existé. Et ça m’a happé. Ça m’a coupé le souffle.
« Mais parti où? Pourquoi tu l’as laissé partir maman? »
Tu es sorti en courant de la salle de bain, me laissant seule avec la douleur qui irradiait de mon cœur, de mon corps.
« Maman dit que ma petite soeur est partie. »
Mi-affirmation, mi-question.
Oui. Elle est partie, mais elle va revenir.
Tu pleurais toi aussi. Je t’ai bercé contre mon cœur. Mesurant la chance que j’avais de t’avoir. Même si cela n’atténuait pas la douleur de notre perte à chacun.
Je ne sais pas comment t’expliquer mon chéri. Avec les bons mots. C’est mon corps qui n’a pas été assez fort pour le retenir le bébé. Ou peut-être bien que c’est mon cœur qui n’a pas été assez brave depuis le début.
On va le mettre où?
C’est trop tôt.
Il faut une nouvelle voiture.
C’est impossible.
J’étais sous le choc.
En faits c’était seulement merveilleux.
Un beau miracle de la vie.
Les bébés n’ont pas besoin de grandes maison.
Ils sont les seuls à décider du moment de leur arrivée.
Notre voiture est bien parfaite.
Et si je l’avais dit tout haut. Si je n’avais été que 100% heureuse de son arrivée … Peut-être se serait-il accroché mon bébé. Mon minuscule petit bébé. Ta petite soeur. Ce n’est pas que je ne la voulait pas. Mais ton frère est tellement petit encore. Je lui en voulait un peu à cette petite croquette d’arriver si rapidement, d’enlever son temps d’exclusivité à bébé Loup. Maintenant qu’elle est partie, crois-moi mon amour, je voudrais retirer chacune de ces pensées.
Le lendemain, à l’heure où le soleil se lèvee, tu es venu nous rejoindre à pas de souris dans notre lit, t’es venu réchauffer mon matin. Ton frère t’avais devancé, j’avais eu besoin de le serrer dans mes bras cette nuit-là. Tu lui a fait un bisou. Puis tu t’es tourné vers moi. Les yeux plein de sommeil encore.
« Je m’en souviens que croquette est partie de ton ventre maman. J’ai pensé qu’elle est peut être dans ta tête. »
Tu as raison mon amour. Elle est dans ma tête, et aussi beaucoup dans mon cœur.
Si j’avais eu le choix, je ne l’aurais jamais laissé partir notre bébé. Je l’aurais retenu de tout mon corps, de toute mon âme. Je l’aimais déjà. Je l’aime encore d’ailleurs. On attendra son retour ensemble. Parce que de croire qu’elle nous reviendra, c’est ce qui me donnera la force de te sourire aujourd’hui et demain.
Author: l’Emmèredeuse
L’emMÈREdeuse, c’est moi : Catherine.
Maman de deux (petits monstres) adorables garçons : Tom le dresseur de loups et Henri le Bébé Loup.
Je suis copropriétaire d’une famille recomposée remplie d’amour et de folie.
Ma plume prend parfois des chemins humoristiques, parfois des plus sérieux, mais toujours ceux de l’authenticité et de l’humilité.
Maman Louve à mes heures. Je partage avec vous les petits et grands moments de mon quotidien de maman.
De maman ben ordinaire.
Qui travaille à temps plein … Pis qui fait son gros possible.
Annoncer ce moment souffrant à mes deux garçons a été comme tu le dis un coup de poignards. Les voir arriver à l’hôpital avec mon amoureux et devoir leur annoncer que notre bébé est parti… Parti au ciel. Voir leurs larmes dans leurs yeux! Ouch x 1000!
Aujourd’hui, j’ai une princesse de presque 2 ans, et je n’arrive pas à croire que je suis aussi chanceuse de l’avoir dans notre vie! Je pense encore à cette petite poussière d’étoile qui est dans le ciel en espérant que son destin l’ait emporté dans une vie heureuse.
A toi qui est au-delà des mers, je t’écris. Pour la première fois, alors que je lis tes textes depuis quelques temps. Quelle est cette magie d’internet qui m’a permis de tenir en tant que maman désemparée, depuis 7 ans, et qui nous relie, nous parents, à d’autres parents dont les mots font écho si justement, dont les mots nous touchent droit au cœur. Je pleure à chacune des lectures de tes textes. Ils raisonnent en moi. Et ça me donne de la force. Nous ne sommes pas seuls.
Aujourd’hui c’est un peu différent, mais si peu. Aujourd’hui (ou presque) je devrais mettre au monde un petit bébé, que j’ai laissé partir, que j’ai laissé partir de mon plein gré, avec la complicité de la toute puissance médicale. Moi aussi j’ai eu le besoin de le dire à mes enfants, que j’avais eu peur, d’élever un enfant sans un autre papa qui n’est pas un amoureux et qui n’habiterait pas avec nous. Mais je ne leur ai pas dit que je regrette, de ne pas avoir pris la décision avec mon cœur mais avec ma tête, que j’ai pris la décision de la société mais pas la mienne, qu’un enfant donne de la force aussi et que je n’ai pas écouté mon cri du cœur.
Oui, aussi, je pense à ce bébé soleil que j’ai refusé, et qui brille quelque part.