L’ironie de l’intimidation.
Je repense souvent à cette gang de filles qui m’ont intimidées au début de l’adolescence. J’en ai déjà parlé ouvertement, elles ont eu une grande influence (malheureusement) sur la façon dont j’ai grandi et sur la jeune adulte mal dans sa peau que je sui devenue.
Je les vois parfois partager et commenter mes textes et je me demande si elles ont conscience de qui je suis. J’imagine que non… Et ça me fait réfléchir. Si seulement les jeunes adolescentes qu’elles étaient avait pu penser au fait que …
J’aurais pu devenir chirurgienne et devoir opérer l’une d’elles d’urgence. J’aurais probablement bien fait mon travail parce que je ne suis pas une personne méchante, mais je ne sais pas comment je me serais sentie d’avoir la vie d’une des personnes qui m’ont fait le plus souffrir entre les mains. J’aurais probablement eu de la difficulté à bien faire mon travail, en repensant à toutes ces années où elle m’a diminuée et humiliée.
J’aurais pu devenir pharmacienne et accidentellement me tromper dans le dosage d’un médicament. Pas assez pour tuer, Mais disons assez pour causer une bonne grosse diarrhée.
J’aurais pu devenir éducatrice en garderie et m’occuper quotidiennement de leurs enfants. M’auraient-elles fait confiance ? Je ne suis pas certaine que j’aurais pu aimer leurs enfants ni leur donner le meilleur de moi-même. Même si leurs enfants n’ont pas choisis de les avoir comme parents, je ne crois pas que j’aurais pu être patiente, aimante et juste avec eux.
J’aurais pu devenir policière et fermer les yeux, alors qu’elles avaient besoin d’aide ou user de mon pouvoir pour les faire payer au moins une fois dans leur vie.
J’aurais pu devenir juge et être en charge de trancher dans leur dossier de partage de garde d’enfant. Est-ce que j’aurais su rester impartiale ? Pas certaine que j’aurais pu résister à les faire souffrir un peu à mon tour en leur enlevant ce qu’elles ont de plus précieux.
On ne sait jamais qui la personne que l’on intimide deviendra plus tard. Une personne influente ou connue. Une personne qui pourra changer votre vie d’une façon ou d’une autre.
Je ne sais pas comment je réagirais si l’occasion de me venger m’étais présentée sur un plateau d’argent. Je ne me réveille plus pas la nuit pour détester ces filles femmes. Mais, je repense pratiquement chaque jour à ce qu’elles m’ont fait vivre. Mon manque de confiance en moi qui en découle est bien présent plus de 15 ans plus tard et il s’agit d’une bataille que je mène chaque jour, et qui affecte toutes les sphères de ma vie.
Aujourd’hui je suis »juste » une blogueuse, et ces filles partagent mes textes. Mes textes qui sont des petits bout de mon intimité, de ma maternité et de ma sensibilité. Des textes qui parlent de mes plus grandes blessures, blessures auxquelles elles ont grandement contribuées.
Des textes auxquels elles s’identifient, dans lesquels elles trouvent du réconfort, de la compréhension. Des textes qu’elles partagent avec leurs familles et amis. Et c’est ce que je voudrais que les jeunes retiennent : la personne que tu intimides, elle est comme toi. Peut-être un peu différente, mais elle vit les mêmes choses que toi et tu la fait souffrir.
Mes anciennes intimidatrices partagent des textes que j’ai écris, moi. Le vilain petit canard de leur enfance. La petite fille de qui elles se moquaient et qu’elles rejetaient. Aujourd’hui, ces filles-là s’identifient à ce que je vis. Elles se reconnaissent dans moi. Je me demande si elles l’avaient vu venir celle-là.
Est-ce que la vie pourrait être plus ironique que cela ?
Author: l’Emmèredeuse
L’emMÈREdeuse, c’est moi : Catherine.
Maman de deux (petits monstres) adorables garçons : Tom le dresseur de loups et Henri le Bébé Loup.
Je suis copropriétaire d’une famille recomposée remplie d’amour et de folie.
Ma plume prend parfois des chemins humoristiques, parfois des plus sérieux, mais toujours ceux de l’authenticité et de l’humilité.
Maman Louve à mes heures. Je partage avec vous les petits et grands moments de mon quotidien de maman.
De maman ben ordinaire.
Qui travaille à temps plein … Pis qui fait son gros possible.
Merci pour ce beau texte, j’ai beaucoup vécu d’intimidation étant jeune et quand je rencontre ces personnes, j’ai encore de la douleur et ça a effectivement influencée le peu de confiance que j’avais déjà en moi…
Wow ! Ce texte vient tellement me rejoindre … j’ai vécu de l’intimidation dès ma maternelle jusqu’à la fin de mon secondaire … aujourd’hui encore j’en ressens les effets vicieux dans ma vie de tous les jours … lorsque je sors seule et que je croise des gens par exemple … j’ai toujours peur de me faire juger et j’anticipe toujours de me faire hurler des insultes … mon enfant va à la même garderie que l’un de ces »jeune » qui m’a tant fait souffrir sans aucunes raisons … je souhaite tous les jours de ne jamais avoir à croiser son chemin … je suis éducatrice en service de garde en milieu scolaire et j’ai déjà dû m’occuper de la fillette de l’un d’eux également … mais j’ai aimé cette fillette autant que si elle avait été ma propre fille car je me suis dit qu’elle n’est aucunement responsable des actes passés de son papa et c’est vrai ! Mais j’ai tout fait pour éviter le contact avec le dit papa également … les gens qui disaient dans le temps »Ça forge le caractère, elle n’en mourra pas, elle s’en rappellera plus le jour de ses noces, tous le monde est passé par là et s’en est sorti … » FAUX … ça laisse des séquelles invisibles qui resterons jusqu’à la fin de mes jours … heureusement de nos jours on sensibilise de plus en plus les gens à ce sujet et je souhaite de tout coeur que ça continue comme ça ! Protégeons nos enfants de ces futures cicatrices invisibles que peuvent laisser l’intimidation dans leur vie !
J’ai été intimidée toute mon enfance et mon adolescence. Aujourd’hui je travaille dans le public, et je croise à l’occasion quelques unes de ces personnes. Non seulement je suis obligée de les servir, d’être courtoise et polie, mais en plus, ces gens sont super gentils avec moi, comme si nous avions été copains!!! Plus de 20 ans plus tard, je n’y comprends toujours rien. On dit qu’ils n’ont pas conscience du mal qu’ils ont fait, mais je n’arrive pas à y croire complètement. Peut-on vraiment ne PAS en avoir conscience? À 8-10 ans, peut-être…mais à 14-15-16 ans? Non, je ne crois pas….