Si j’étais un homme…

Si j’étais un homme…

J’en profiterais pour changer le monde le temps de 24 heures.

Jamais une phrase sexiste ne sortirait de ma bouche.

Même pour rigoler. Même si »tu-sais-bien-que-c’est-juste-une-blague ».

Même si »voyons-tu-sais-que-je-t’aime-quand-même ».

Quand même.

Tsé.

Et je ne tolèrerais aucun commentaire du genre de la part de mes amis. Ni aucune blague homophobe.

Sans quoi, ils ne mériteraient plus ce titre d’ami.

Si j’étais un homme, je ne »garderais » pas mes enfants, et il me ferait plaisir de m’en occuper pendant que ma femme va se reposer, ou s’amuser avec ses amies.

Je ne l’appellerais pas quarante-douze fois quand elle sort pour savoir où sont les choses, et comment les faire. Parce que je serais tellement impliqué dans ma vie familiale et dans l’éducation de mes kids, que je saurais tout ça, voyons donc !

Je protégerais ma famille. Non pas parce que ma femme n’est pas capable de le faire, non pas parce que c’est ma job de mâle, mais parce que j’en ai envie.

Je trouverais l’équilibre entre mon travail et mon rôle de papa. Je comprendrais que mes enfants ont autant besoin de moi que leur maman. Et que ma femme a autant le besoin de s’accomplir que moi.

Je mettrais la main à la pâte. Je prendrais la part de charge qui me revient sur mon mental.

Je ferais le lavage. Parce que je reconnaîtrais que je suis assez intelligent pour apprendre à utiliser cette machine. Et à reconnaître mes couleurs pour séparer le linge sale.

J’aurais fais ma maternelle tout comme mon épouse, et j’utiliserais plusieurs autres appareils électronique en m’en sortant très bien.

Je n’aurais aucune excuse pour ne pas cuisiner, ou donner de bain.

Si j’étais un homme, je dirais aussi souvent à ma femme qu’elle est intelligente qu’elle est belle.

Je la remercierais pour tous les sacrifices qu’elle fait : je les reconnaîtrait en comprenant que cela ne m’enlève rien. Qu’on est complémentaires mais égaux.

J’aimerais ça être un homme pour quelques heures.

J’aimerais ça comprendre. Juste comprendre comment le fait d’avoir une graine entre les jambes peut te donner le sentiment de dominer le monde et les femmes. Comment ça te fait pousser un sentiment de supériorité. Comment ça te donne le droit d’interrompre une femme qui exprime ses idées, de la corriger lorsque tu juges qu’elle s’est trompée et de lui expliquer, tout ce dont elle ne comprend pas de la vie.

J’aimerais être un homme, juste une journée, juste pour ça.

Pour comprendre.

Parce que je n’y vois plus clair. Parce que je suis entrain d’imploser : arrêtez donc de nous paternaliser.

J’aimerais être un homme. Juste pour voir si je ressentirais aussi le besoin de me justifier. Tout le temps. Pour tout. Si je me sentirais aussi concerné par les discours féministes, aussi menacé par une femme qui a quelque chose à dire.

J’aimerais ça savoir si je me sentirais investi d’une mission devant mon clavier le soir. D’aller éduquer toutes ces petites bonnes femmes là sur les z’internets.

Si j’étais un homme je pense que je serais souvent gêné.

Je pense que je m’en vanterais pas.

Je pense que je voudrais être une femme.

Parce que j’aimerais mieux être du côté de celles qui se battent pour qu’on leur donne la place qui leur reviens, que de ceux qui refusent de la leur donner.

Oh, je le sais. C’est pas tous les hommes qui sont comme ça.

Mais malheureusement les exceptions ne font pas le poids. On entend pas leur voix et il le faudrait.