C’est dans la cuisine que les mamans pleurent.
C’est dans la cuisine que les mamans pleurent.
En lavant la vaisselle pour la 3e fois de la journée et la 1000e fois de la semaine.
Parce que c’est un peu caché la cuisine, c’est son quartier à elle.
Puis, parce que c’est là, de toute façon, qu’elles passent le 3/4 de leurs journées.
Elles pleurent de fatigue.
De doutes.
De colère.
Une petite larme rageuse, écrasée du bout du doigt.
En lavant le chaudron de sauce à spag collé.
Pendant que les enfants se chicanent dans le salon.
Elle espère qu’elle est assez silencieuse.
Pas de place pour les gros drames un mardi soir.
Maman.
Ce mot répété et répété encore.
Même si parfois elle lève les yeux aux ciel, il ne perdra jamais de sa magie ce nom si précieux.
Malgré ce gros sanglot qui vient de loin.
Quelle tente de réprimer.
Qu’elle essaie de renifler à l’intérieur.
En rangeant les tupperware.
Des gros chagrins dont elle seule connaît les secrets, et dont il n’y a pas vraiment de remèdes.
Ces maux de femmes, que même les femmes peinent à comprendre.
Trop de générations de larmes de cuisine.
Trop de compétition malsaine féminine.
Elle ne comprend pas pourquoi il faut avoir l’air toujours au top de sa game de femme et de maman.
Ne surtout pas aller sur Instagram en ce moment.
Les déceptions.
L’impression de ne rien faire comme il faut.
Chercher sa place, encore et toujours. À la maison et ailleurs.
D’être partout mais nul part en même temps.
Jamais entière.
Elle sèche ses larmes et sert le souper.
Qui bien sûr, ne fait pas l’unanimité.
Son sourire est fade ce soir à table, mais personne ne le remarque.
Pas la force de dire tout haut ce qui ne va pas, et encore moins pour la discussion qui en suivra.
Une autre larme qui s’échappe comme ça, pendant les bains. Je l’avais pas vue venir celle-là.
Essuyée avec la serviette du petit dernier.
Une histoire. Et une deuxième. Pas la force de dire non ce soir.
Et c’est bien plus tard, qu’elle continue de pleurer dans la douche. En silence. Laissant l’eau chaude couler sur sa nuque.
Ne sachant pas où puiser l’énergie de recommencer demain.
Sans être vue.
Sans être entendue.
Elle sait que c’est à elle de sortir de son coquillage. D’aller en trouver un qui a plus d’espace si elle se sent à l’étroit. Ou bien un plus petit si elle a l’impression qu’il y a trop de traineries qui ne lui appartiennent pas.
Mais c’est parfois paralysant, de réaliser qu’on doit changer. Parce que les autres ne changeront pas pour nous rendre plus confortable.
Une maman ça pleure en silence.
Un petit peu tout le temps dans la cuisine.
Là où les petites et les grandes révolutions se jouent.
Ça va aller mieux demain.
Demain je vais me choisir.
Author: l’Emmèredeuse
L’emMÈREdeuse, c’est moi : Catherine.
Maman de deux (petits monstres) adorables garçons : Tom le dresseur de loups et Henri le Bébé Loup.
Je suis copropriétaire d’une famille recomposée remplie d’amour et de folie.
Ma plume prend parfois des chemins humoristiques, parfois des plus sérieux, mais toujours ceux de l’authenticité et de l’humilité.
Maman Louve à mes heures. Je partage avec vous les petits et grands moments de mon quotidien de maman.
De maman ben ordinaire.
Qui travaille à temps plein … Pis qui fait son gros possible.
Trop vrai
C est joliment dit et tellement vécu….courage les filles! Il y q aussi plein de petits bonheurs dans nos cuisines….
Moi c’est surtout dans mon lit le soir tard
Très jolie, votre texte rend presque plus « doux » cette pression social que connaissent beaucoup trop de maman.
C’est tellement vrai, moi maman de 3 (montres) adorables enfants, travaille à temps plein et qui ne possède pas de lave vaisselle par choix