Imbécile Heureuse
Quand petit poulet est arrivé dans ma vie, j’étais imbécile heureuse.
Lire ici : jeune et insouciante.
Et c’est dans cette période-là de ta ma vie que je t’ai rencontrée A.
Au yoga prénatal.
On avait à peu près le même âge, tu habitais à deux rues de chez moi.
Ça me stressait pas les nuits blanches à venir, ni les pleurs de bébé.
Rien pantoute me stressait à vrai dire…
Imbécile heureuse je t’ai dit.
Ça te stressait pas tant toi non plus. Tu as eu ton bébé garçon 3 jours après que j’ai eu le mien.
Les premières nuits ont pas été faciles chez nous , parce que j’ai bien du passer 72 heures sans dormir à regarder mon petit poulet simplement être. Il était en santé, beau comme un cœur (on va se le dire NON les bébés ne naissent pas tous beaux), il était parfait .
Une fois mon sommeil rattrapé, j’ai attendu que l’apocalypse qu’on m’avait annoncée se pointe.
3 jours – 3 semaines -3 mois.
Mais il s’est jamais pointé.
Petit poulet ne pleurait pas. Petit poulet faisait ses nuits. Il aimait tout le monde. À l’aise dans n’importe quels bras.
Il était capable de jouer seul. De s’endormir seul. Petit poulet s’élevait tout seul.
Je te proposais des sorties , des marches, une après-midi de piscine, des soupers, des drinks, des déjeuners.
Tu refusais souvent . C’était compliqué . T’étais fatiguée . Ça faisait beaucoup de stock à emmener, à gérer.
Ça te tentait pas. La routine tsé.
Je t’avoue que je t’ai jugée.
Sévèrement même .
Je t’ai trouvée plate pis paresseuse.
Voyons donc! Un bébé! Y’avait rien là!
Pis la routine, c’est fait pour être brisé, sinon ça fait des enfants rigides. Tout le monde sait ça !
J’en avais un bébé moi aussi. Pis je m’empêchais pas de rien faire .
Un bébé. C’est pas un handicap. C’est pas une maladie.
C’était l’été. Pas de suit de ski doo, pas de bottes d’hiver. Met ton bébé dans ta poussette pis viens enwèye. Viens t’en .
Je te trouvais pas normale.
J’ai arrêté de prendre de tes nouvelles, parce que ça allait toujours mal.
Je me suis dit que t’avais juste pas le goût de me voir et que tu savais pas comment le dire. Fine. Je nous évitais le malaise à toutes les deux.
Je t’ai croisé 2-3 fois à la pharmacie. On a échangé des petits sourires polis. Je pensais vraiment qu’on allait devenir de mes amies…
Pis je suis déménagée. J’ai rencontré quelques autres filles dans ton genre le long de ma route, des plates, des paresseuses, des handicapées du bébé. Pis je les ai toutes jugées.
Toutes aussi sévèrement que toi.
J’ai eu bébé loup 4 ans plus tard .
Plus vieille, mais encore imbécile heureuse, jeune et insouciante.
Deux enfants pfffff rien là !
Je le sais comment ça marche moé les bébés, c’est vraiment pas si pire qu’on le dit. C’est pas un handicap. C’est pas une maladie.
J’ai pas dormi pendant 72 heures à admirer ma deuxième petite merveille (oui, oui il était beau lui aussi) et puis… wait for it…
L’APOCALYPSE ! Oui madame ! Avec un grand A en plus.
Bébé loup hurle à la lune, hurle au soleil. Dormir la nuit ? Dans 18 ans hopefully.
Se faire prendre par quelqu’un d’autre que sa mère ? Pas trop souvent ni trop longtemps.
Sortir ? Un vrai enfer. C’est compliqué . Je suis fatiguée.
La routine est ma nouvelle BFF. Elle me donne l’impression d’avoir un minimum de contrôle sur ma vie.
Aller aux toilettes, pas le temps pour ça. C’est pour les faibles.
Se laver un jour sur deux est rendu très acceptable.
Je suis Plate. Je suis paresseuse. Je suis une handicapée du bébé.
Aux plusieurs exemplaires d’A que j’ai jugés le long de ma route. Je m’excuse.
Je pense souvent à toi A. Pendant mes nuits blanches.
J’espère que ça va mieux .
La vérité A, c’est que j’ai besoin que tu me dise que ça va mieux. Que moi aussi je vais aller mieux. Pis que mon couple va survivre. Parce qu’avec le manque de sommeil, je prends plus toujours la peine de mettre mes petits gants blancs brodés de dentelle rose pour dire à mon chum que j’ai mal à tête pis que ses $&%@!! de jeux de mots à une fuck*ng cenne, je suis plus capable des entendre.
A, je veux que tu me dises que je vais être capable de déposer mon bébé d’ici 5 ans pour rattraper mon lavage. Tsé la montagne de linge propre que je prend de sur mon lit tous les soirs, et que je met par terre parce que j’ai pas eu le temps de le plier.
Je veux que tu me dise que ce sentiment d’impuissance qui m’envahit va me quitter.
Qu’un jour je vais le comprendre mon bébé.
Que je vais recommencer à sortir sans angoisser.
A, dis-moi surtout qu’il y en a eu des gens pour continuer de prendre de tes nouvelles, même si ça allait toujours mal.
Dis-moi qu’il y a des gens, qui ont respecté le fait que tu avais besoin de rester dans la sécurité de ton foyer.
A, dis-moi donc s’il-te-plaît, que je vais être correcte.
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Author: l’Emmèredeuse
L’emMÈREdeuse, c’est moi : Catherine.
Maman de deux (petits monstres) adorables garçons : Tom le dresseur de loups et Henri le Bébé Loup.
Je suis copropriétaire d’une famille recomposée remplie d’amour et de folie.
Ma plume prend parfois des chemins humoristiques, parfois des plus sérieux, mais toujours ceux de l’authenticité et de l’humilité.
Maman Louve à mes heures. Je partage avec vous les petits et grands moments de mon quotidien de maman.
De maman ben ordinaire.
Qui travaille à temps plein … Pis qui fait son gros possible.
Merci d’avoir ecrit ces mots, quand jai eu mon premier qui faisait des coliques et qui hurlait a tue tete j’etait jugee a ne pas vouloir sortir, d’etre moi aussi paresseuse. Je faisait partie d’un groupe de mamans tut le temps de ma grossese et a sa naissance quand mon garçon est tomber gravement malade a 4 mois et demi meme l’infirmiere du groupe a refuser de retourner mes appels. Mon garçon a eu 9 operations et j’etait toute seule. Son père biologique n »etait pas capable d’etre la pour me soutenir… on a passer 192 jours a l’hopital mon garçon et moi.Je suis de venue maman célibataire et Je me sentais comme si chaque jours j’etait en train de me battle pour survivre. Il a Maintenant Presque 11 ans et Je crois que je commence a aller bien. J’ai eu un deuxieme garçon entre temps qui lui etait le bebe parfait. Avec un nouveau conjoint qui est tres encourageant et present. J’ai refuser de me faire des amies comme ca personne pour me juger. J’ai essayer d’etre la pour supporter d’autres maman qui elles meme ont refuser mon aide. Alors Chacun pour sois. On est faites plus Forte que l’on le pens surtout quand nous n’avons pas le choix de passer au travers… La depression ca dure longtemps il faut accepter que d’accepter ses faiblesses et accepter de l’aide est une force. Je suis en train d’enfin sortir de ma Coquille mes enfants ont Presque 11 et 5 ans. Courage a vous toutes!
Otites sur otites… Je maudis les garderies. Comme j’en ai passé du temps chez le pédiatre et/ou à l’urgence. C’est sans compter le fait que je suis restée à la maison pout prendre soin de mon fils.
Ça va sans doute paraître cliché mais (surtout) quand bébé est malade, c’est maman qu’il veut et je ne vais pas mentir sur ce point, je suis ravie et fière d’être cette wonder woman pour ces moments précis.
La crise passée, la wonder woman redevient un simple être humain et je deviens carrément lasse. Il ne me reste pas beaucoup d’énergie pour sortir de ma routine. Il m’arrive même de m’endormir avant tout le monde et dire que j’ai déjà été une référence de femme sportive et de party…
Les priorités changent. Ça vient avec.
Ce qui fait en sorte que je ne désespère pas, que je trouve encore de l’énergie au fond de mes entrailles, c’est de savoir que j’ai encore envie de faire du sport, que je prépare telle ou telle sortie. Je ne suis pas complètement disparue de mon moi.
Mon rythme tourne juste à une vitesse différente. Courage!