Je veux un dernier bébé.
*crédit photo de couverture Zoom Studio
La dernière fois que j’ai eu un bébé Dans mon ventre, bien sûr, j’en ai savouré chaque moment. Je l’ai tellement souhaité et attendu ce bébé. J’ai eu tellement peur qu’il n’existe que dans mon coeur, ça ne pouvait pas en être autrement.
Dès la première seconde où j’ai su qu’on était deux là-dedans, j’étais sa maman. J’aurais donné ma vie pour lui. Et fait n’importe quelle folie pour le sauver.
J’ai eu si peur qu’il plie bagage. Que la vie me le reprenne comme elle m’a pris la chance d’enfanter facilement. Que la vie me prive de le prendre dans mes bras. D’embrasser ses joues.
J’ai attendu soir après soir la première vague dans mon ventre, fébrilement. Le premier petit timide « bonjour Maman ».
J’ai ensuite remercié la vie pour chaque petit et grand coup, chaque virevoltement et chaque gros tremblement.
J’ai flatté mon ventre, passé des nuits éveillée à sentir mon minuscule garçon danser et j’ai plus tard, repoussé doucement du bout du doigt ses petits pieds insistants.
J’ai paradé fièrement mon gros ventre pendant des mois. Comme un trophée. Comme le plus beau cadeau de la vie. Comme le plus grand des espoirs qui se concrétise. Comme le plus beau des rêves qui se réalise.
Je me suis trouvé belle. Enfin. Et c’était tout grâce à lui. Grâce à lui qui m’a choisie. Malhré l’adversité. Malgré mon ventre innaceuillant.
J’ai plié tous ses minuscules vêtements et ouverts ses tiroirs cent fois pour sentir l’odeur de bébé. J’ai rêvé à la couleur de ses yeux et au son de son rire mille fois.
J’ai cherché le plus doux des prénoms pour lui et imaginé ses traits un million de fois au moins.
J’ai pleuré à chaque échographie. Et j’ai enregistré le battement de son coeur contre le mien, pour ne jamais l’oublier. J’ai mesuré l’incommensurable chance que j’avais à chaque journée.
Je l’ai attendu impatiemment, comme On attend un premier rendez-vous d’amour. La hâte qui en fait mal au ventre se mêlant à l’envie d’étirer jusqu’à la toute fin ces moments de pur bonheur d’une grossesse tellement désirée.
Je me suis couchée toutes les dernières nuits avec des papillons qui volaient dans mon ventre, en me demandant si enfin j’allais le rencontrer avant le levé du jour.
Mais il y a une seule chose que je n’ai pas faite : le deuil de ce privilège immense qu’est le fait de porter un enfant.
Je veux porter la vie dans mon ventre une dernière fois.
Sentir des petits coups de l’intérieur et les savourer autrement : en sachant que ce seront les derniers.
Essayer de deviner qui se cache dans mon ventre rond, et lui parler, l’aimer, l’attendre.
Je veux revivre encore cet instant où le temps s’arrête. Alors que tu fais enfin la rencontrer de ce petit être précieux, coeur contre coeur, peau contre peau.
Revivre les premières heures de bonheur avec bébé, ces doux instants de béatitude pendant lesquelles c’est tout simplement impossible d’en détacher les yeux, de le déposer ou de réfléchir à autre chose qu’au fait que notre corps à su créer une petite perfection.
Je sens qu’il manque un morceau dans ma
vie, un dernier petit amour.
Je veux être Maman encore une fois. Être ta Maman à toi aussi. Juste une dernière fois. Je veux qu’un dernier petit bébé porte le premier petit pyjama vert de ses grands frères.
J’ai combattu deux fois pour devenir maman. Je le ferai une troisième parce que ça en vaut la peine.
« C’est pas le bon moment, il arrivera quand ce sera le temps ».
Je t’attendrai petit trésor, on t’attendra tous les quatre, parce qu’on t’aime tous tellement déjà.
Author: l’Emmèredeuse
L’emMÈREdeuse, c’est moi : Catherine.
Maman de deux (petits monstres) adorables garçons : Tom le dresseur de loups et Henri le Bébé Loup.
Je suis copropriétaire d’une famille recomposée remplie d’amour et de folie.
Ma plume prend parfois des chemins humoristiques, parfois des plus sérieux, mais toujours ceux de l’authenticité et de l’humilité.
Maman Louve à mes heures. Je partage avec vous les petits et grands moments de mon quotidien de maman.
De maman ben ordinaire.
Qui travaille à temps plein … Pis qui fait son gros possible.
Enceinte de mon troisième enfant, je savais que c’était ma dernière grossesse et pourtant, je sens encore que le deuil de la maternité n’est pas tout-à-fait réglé ! C’est comme ça !!
Magnifique texte qui représente exactement ce que je recherche depuis 6 ans… 6 ans d’essais, d’échecs, de deuils périnataux, 6 ans d’infertilité -d’endométriose- d’opération, 6 ans d’espoir… Nous sommes trois à aimer déjà ce petit être que nous attendons. Un jour qui sait sera peut-être le bon.
Merci pour ton partage.
je voulais un 3eme bebe… ma 2eme fille etant un rainbow baby suite a 4 FC, ca me faisait peur… et malheureusement j’ai fait 2 autres FC dont des jumeaux… a 42 ans, la peur de revivre encore ce deuil est devenue trop grande 🙁 je termine donc ma vie de maternite sur un echec, un immense trou dans mon coeur… une boucle qui ne se fermera pas… un deuil qui n’arrivera jamais…
J’avais accouché 4 fois de 4 merveilleux bébés en santé mais je ne sentais pas que ma famille était complète. En octobre 2015 est né mon dernier bébé que j’ai porté comme un dernier. J’ai savouré chaque moment comme tu le mentionnes dans ton si joli texte. Je sens maintennant que ma famille est enfin complète. Je te souhaite un dernier bébé qui portera le petit pyjamas vert 🙂
Apres 5 fausses couches…
Aucuns enfants…
Mon deuil est fait…
Profitez de ceux que vous avez et ne vous priver jamais du desir d’un petit dernier!