Lettre à P. l’intimidatrice de mon enfance.
Salut P.
Je t’ai croisée à la crémerie avec ta petite famille aujourd’hui. Je sais pas si tu m’as reconnue. De loin je devais l’air d’une fille ordinaire. De ton âge, avec des enfants de l’âge des tiens. Je t’ai même souri.
Je sais pas trop pourquoi quand j’y repense. Par politesse sûrement. Ou ben pour te dire que c’était correct, en langage de maman, parce que tu m’as accrochée solide en passant avec ta poussette dans l’entrée.
Je sais pas si tu me replace. C’est moi. La fille que t’écoeurais à l’école.
Asteure on appelle ça de l’intimidation. Asteure on sait que ça fuck du monde dans tête pour toujours.
On sait que ça vole même des vies. Mais quand toi pis moi on avait 8 ans, c’était pas connu. Pourtant ça faisait mal de la même façon. pourtant `10-11-13 ans, j’y ai pensé au fait que j’aurais aimé ça disparaître.
T’étais mon amie, mes parents ont rien compris quand j’ai dis que tu voulais plus jouer avec moi. Que tu me ‘’volais’’ toutes mes amies.
Pour eux et les adultes de l’école c’était des chicanes de petites filles. Sans conséquence. « Ignore la », « N’embarque pas dans leur jeu », « T’es plus intelligente qu’elles », « C’est ce qu’elles veulent te faire fâcher » « Elles sont jalouses »…
Qu’est ce que ça m’aura donné d’être raisonnable ? Rien.
Au fur et à mesure qu’on vieillissait, tes attaques ont changées, c’était plus insidieux, dans des regards, des murmures et des gens qui soudainement ne voulaient plus dîner avec moi à la cafétéria.
La vérité P. c’est que je ne souhaite pas que tes fillettes vivent une seule seconde de la détresse et de l’incompréhension que j’ai pu ressentir.
La vérité, c’est que tu as brisé quelque chose en moi qui se répare pas. Une insouciance. Une joie de vivre.
Même aujourd’hui, en public j’ai toujours cette petite retenue de plus que les autres. Cette conscience de mon image.
Et si jamais on se moquait de moi ? Je n’y survivrais pas.
Tu as brisé ma capacité à me faire des nouveaux amis. À aller vers les autres, avec confiance.
Tu as tué mes rires spontanés. Combien de fois j’ai eu envie de danser. De lâcher mon fou. Mais j’en étais incapable.
Qu’est-ce qu’on allait penser de moi?
Tu as brisé la confiance que j’ai en l’humanité, la confiance que j’ai en moi.
Tu as faussé la perception que j’ai de mon corps.
Tranquillement. J’ai fini par te croire.
Par intérioriser toutes les choses que tu me disais que j’étais et que je n’étais pas.
Tu veux savoir quelque chose P.? Pratiquement 20 ans plus tard, je me bats encore avec les ravages de l’intimidation que tu m’as fait subir.
J’ai souvent l’impression que même les personnes que j’aime le plus au monde. Peuvent m’abandonner du jour au lendemain. Comme toi, un petit samedi ordinaire des années 90. C’est pas super chouette de dealer avec ça.
Je te souriais innocemment en mangeant ma petite molle à la vanille. Sûrement pour ravaler mes larmes. Parce que de voir mes garçons, assis à quelques mètres de tes filles m’a fait réaliser que je n’allais pas pouvoir les protéger des gens comme toi.
Et de penser que mes enfants pourraient vivre la même chose que moi, ça me donne la nausée.
Je ne sais pas si un jour j’arriverai à te pardonner, chose certaine jamais je n’oublierai.
Pis tu sais quoi ? Merci-pas-merci. Je suis forte aujourd’hui
Author: l’Emmèredeuse
L’emMÈREdeuse, c’est moi : Catherine.
Maman de deux (petits monstres) adorables garçons : Tom le dresseur de loups et Henri le Bébé Loup.
Je suis copropriétaire d’une famille recomposée remplie d’amour et de folie.
Ma plume prend parfois des chemins humoristiques, parfois des plus sérieux, mais toujours ceux de l’authenticité et de l’humilité.
Maman Louve à mes heures. Je partage avec vous les petits et grands moments de mon quotidien de maman.
De maman ben ordinaire.
Qui travaille à temps plein … Pis qui fait son gros possible.
Chère emmeredeuse,
Ce que tu écris me touche beaucoup, je pense qu’on a toutes subi de l’intimidation à des degrés différents. Il y avait toujours des petites gangs de filles pas fines… j’ai 51 ans, ma fille en a 29 et toutes les 2 nous avons subi de l’intimidation à notre manière… est-ce que c’est féminin cette affaire là…je pense que ca nous marque pour la vie ! continue de faire tes textes inspirants.
Je te comprend elle est L.. toujours à me dire tout pleins de mots méchant à mon égard ou quand j’osais m’exprimer à ma façon j’entends encore son rire dans les couloirs de l’école
Je comprend tellement, pour l’avoir vécu!!! Moi, j’ai décidé de ne pas faire d’enfants! Tu es plus forte que moi!!
Ouf cela m’a tellement decrit j’en ai eu les larmes ux yeux . Ayant vecu de lintimidation je vis à chaque jour ce sentiment cela va toujours me hanté et oui je suis mal à l’aise en public jai toujours ce sentiment que les gens rient ou parlent de moi. Maintenant infirmiere de de métier je me bat constamment avec la gêne la honte et la peur de faire rire de moi…ca brise malheureusement une personne a vie
Je me replace un peu dans ces écrits… Durant le primaire, pour moi c’était l’enfer! J’étais là seule métisse de mon quartier alors ça pas prit de temps pour que j’attire cette attention que je ne voulais pas. Peau brune, cheveux frisés courts et grosses « barniques »…. j’avais rien pour qu’on me laisse tranquille! L’intimidation s’est estompée mais ça fait des dégâts. La fille qui voulait toujours me « planter » a elle aussi une famille et va savoir pourquoi…. Je l’ai dans mon Facebook!… Le pire c’est qu’on se parle même pas pffff…
Je réalise en étant maman de 3 petites filles que j’ai été choyée de ne pas vivre d’intimidation dans ma jeunesse j’ai eu une chicane avec une petite fille qui voulait comme toi me « tasser »mais ma mère ( très maman ours) à régler sa TReS) rapidement à sa façon sans directeur ….. jamais eu de problème après … le mot à passer écœure pas marie !!! Mais jai très peur que mes filles rencontre une P un jour …. car aujourd’hui l’intimidation avec les réseaux sociaux sa touche un autre niveau que la cours d’école ou la ruelle …mais j’ai vue ma mère et je ferez la même chose . Bravo pour tes textes j’adore te lire .
Jai le coeur gros a vous lire. Comment lhumain peut etre mechant!!! Peut on preparer nos enfants a affronter la mechanceté? Je regarde mes 2 filles grandir (6ans et 6 mois) je me dis qu’à defaut de leur montrer a etre solide devant la mechanceté je vais leur montrer a etre bonne, à accepter la difference de chacuns à leur montrer aussi de ne pas tolérer l’intolérable. À chacune de vous qui avez subi ce rejet, l’intimidation cette mechanceté gratuite je vous serre fort dans mes bras et je salue votre courage xx
svp…pourquoi ne lui dis tu pas??? je ne comprend pas..